La gonorrhée / infection à gonocoques : définition, transmissions, symptômes, dépistage et traitement

— 17 septembre 2024

La gonorrhée, également connue sous le nom de blennorragie, est une infection sexuellement transmissible (IST) causée par la bactérie Neisseria gonorrhoeae, qui touche principalement les organes génitaux et urinaires. Selon l'Organisation mondiale de la Santé, cette infection affecte environ 78 millions de personnes par an dans le monde, ce qui en fait la deuxième IST la plus répandue.

Définition et caractéristiques de la gonorrhée

La gonorrhée, également appelée blennorragie est une infection sexuellement transmissible (IST) causée par la bactérie Neisseria gonorrhoeae. Elle se transmet principalement lors de rapports sexuels non protégés, qu'ils soient vaginaux, anaux ou oraux. Cette infection touche principalement les organes génitaux et urinaires, mais peut également affecter le rectum, la gorge et les yeux. La gonorrhée est la deuxième IST la plus fréquente en France, après l'infection à chlamydiae. Elle affecte particulièrement les jeunes adultes, avec une prévalence plus élevée chez les hommes de 21 à 30 ans et les femmes de 16 à 25 ans. En 2020, on estimait à 128,5 millions le nombre de nouvelles infections chez les adultes dans le monde.

Les chiffres clés

Le nombre de cas de gonorrhée est en augmentation constante en Europe et en Suisse ces dernières années. En 2022, la Suisse a enregistré plus de 5112 cas déclarés. Au niveau européen, l'Union européenne a connu une hausse alarmante de 48% des cas de gonorrhée en 2022, avec 70 881 cas recensés. Cette tendance à la hausse s'observe également pour d'autres infections sexuellement transmissibles (IST) comme la syphilis (+34%) et la chlamydia (+16%). Selon Andrea Ammon, directrice du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), ces chiffres, bien qu'importants, ne représentent probablement que "la partie émergée de l'iceberg" en raison des différences dans les pratiques de dépistage et d'accès aux services de santé sexuelle entre les pays.

Les modes de transmission et de contamination de la gonorrhée

La gonorrhée se transmet principalement lors de rapports sexuels non protégés avec une personne infectée, qu'elle présente ou non des symptômes. La transmission peut se faire lors de relations vaginales, anales ou orales-génitales, ainsi que par simple contact entre les organes génitaux ou via le partage de jouets sexuels. La bactérie Neisseria gonorrhoeae peut infecter les muqueuses génitales, anales, orales et oculaires. Une mère infectée peut également transmettre la gonorrhée à son bébé pendant l'accouchement, pouvant causer une conjonctivite sévère chez le nouveau-né. Il est important de noter que la gonorrhée est une maladie non-immunisante, ce qui signifie qu'une personne peut être réinfectée plusieurs fois au cours de sa vie.

Développement des symptômes

Chez les femmes :

La gonorrhée chez la femme est souvent asymptomatique, ce qui complique sa détection et augmente les risques de complications. Lorsque des symptômes apparaissent, ils peuvent inclure des pertes vaginales anormales, des saignements entre les menstruations, des douleurs pelviennes et une sensation de brûlure en urinant. Sans traitement, l'infection peut se propager à l'appareil reproducteur supérieur, causant une maladie inflammatoire pelvienne (MIP) qui peut entraîner des douleurs chroniques, l'infertilité et un risque accru de grossesse extra-utérine. Le dépistage régulier est crucial lors de rapports non protégés, en particulier pour les femmes de 16 à 25 ans qui sont plus à risque. Le traitement antibiotique est efficace, mais il est essentiel de traiter également les partenaires sexuels pour prévenir la réinfection.

Chez les hommes :

La gonorrhée chez l'homme se manifeste généralement par des symptômes plus évidents que chez la femme, apparaissant 2 à 7 jours après l'infection. Les signes caractéristiques incluent un écoulement purulent jaune-verdâtre par l'urètre, des douleurs ou brûlures en urinant, et parfois un gonflement des testicules. Environ 25% des hommes infectés peuvent être asymptomatiques, ce qui souligne l'importance du dépistage régulier, en particulier pour les hommes entre 21 et 30 ans qui sont plus à risque. Sans traitement, la gonorrhée peut entraîner des complications telles que l'inflammation de la prostate ou de l'épididyme, pouvant conduire à l'infertilité. Le diagnostic repose sur des analyses d'urine ou des prélèvements locaux, et le traitement antibiotique est généralement efficace s'il est administré rapidement.

Les complications graves potentielles

La gonorrhée non traitée peut entraîner des complications graves à long terme. Chez les femmes, elle peut provoquer une maladie inflammatoire pelvienne, entraînant des douleurs chroniques dans le bas-ventre, l'infertilité et un risque accru de grossesse extra-utérine. Chez les hommes, elle peut causer une inflammation de la prostate ou de l'épididyme, pouvant également conduire à l'infertilité.

Les risques pendant la grossesse

La gonorrhée pendant la grossesse représente un risque sérieux pour la mère et le fœtus. Une femme enceinte infectée peut transmettre la bactérie à son bébé lors de l'accouchement, ce qui peut entraîner une conjonctivite néonatale grave pouvant mener à la cécité si elle n'est pas traitée rapidement. L'infection augmente également les risques de complications telles que l'accouchement prématuré, la rupture prématurée des membranes et l'avortement spontané.

Pour prévenir ces complications, un dépistage systématique de la gonorrhée est recommandé chez toutes les femmes enceintes, idéalement au premier et au troisième trimestre de grossesse. Si une infection est détectée, un traitement antibiotique adapté peut être administré en toute sécurité pendant la grossesse, réduisant ainsi les risques de transmission au nouveau-né.

Historiquement, tous les nouveau-nés recevaient un traitement antibiotique préventif à la naissance pour éviter la conjonctivite néonatale liée à la gonorrhée. Cependant, cette pratique a évolué. Aujourd'hui, l'accent est mis sur le dépistage et le traitement précoce de la gonorrhée chez les femmes enceintes. Cette approche est essentielle, car 30 à 50% des nouveau-nés exposés à la gonorrhée pendant l'accouchement risquent de développer une conjonctivite néonatale.

Impact de la gonorrhée sur la santé des nouveaux-nés

La gonorrhée peut avoir des conséquences graves sur la santé des nouveau-nés lorsqu'elle est transmise de la mère à l'enfant pendant l'accouchement. L'infection peut causer une conjonctivite néonatale, une inflammation des yeux potentiellement sévère qui, si elle n'est pas traitée rapidement, peut entraîner des cicatrices permanentes et même la cécité.

Dépistage et traitement de la gonorrhée

Le dépistage régulier de la gonorrhée est crucial, en particulier pour les personnes sexuellement actives de moins de 25 ans et celles présentant des facteurs de risque d'infections sexuellement transmissibles (IST). Il est recommandé au moins une fois par an, voire tous les 3 mois selon l'activité sexuelle. Le test se fait généralement par analyse d'un échantillon d'urine ou de sécrétions prélevées sur les zones exposées (vagin, col de l'utérus, urètre, anus, gorge). Pour les femmes enceintes, un dépistage est conseillé au premier et au troisième trimestre.

Le diagnostic repose sur la culture bactérienne et les tests d'amplification des acides nucléiques (PCR/TAAN). La culture, réalisée à partir d'un prélèvement bactériologique (PCR), reste la méthode de référence pour identifier la bactérie et tester sa sensibilité aux antibiotiques. Cependant, les TAAN, qui détectent l'ADN du gonocoque, sont de plus en plus utilisés en raison de leur haute sensibilité, notamment pour les infections asymptomatiques et les localisations extra-génitales. Pour un dépistage fiable, il est recommandé de respecter une période d'au moins 48 heures après une exposition potentielle, avec une période optimale de 7 jours. Il est important de ne pas uriner ou éjaculer dans les 2 heures précédant le test pour éviter de fausser les résultats.

IST : Il n’a jamais été aussi simple de se dépister

A partir du 1er septembre 2024, le dépistage sans ordonnance en laboratoire de biologie médicale sera élargi en France pour inclure des tests de diagnostic avancés pour quatre nouvelles infections sexuellement transmissibles (IST) telles que la chlamydia, la gonorrhée, l’hépatite B et la syphilis, en plus du dépistage du VIH, dans le cadre de l’initiative « Mon test IST », visant à améliorer l’accès aux soins et à réduire la transmission des IST. 

Le dispositif « Au labo sans ordo » permet un dépistage sans rendez-vous et sans ordonnance, directement en laboratoire. 

  • Pour les moins de 26 ans : prise en charge intégrale sans avance de frais, couverte à 100 % par l’Assurance Maladie. 
  • Pour les plus de 26 ans : remboursement à hauteur de 60 % par la Sécurité Sociale, avec les 40 % restants à la charge de la mutuelle ou du patient. 

Traitement & Prévention : comment se protéger ?

Traitement

Le traitement de la gonorrhée repose principalement sur l'administration d'antibiotiques, généralement par injection intramusculaire de ceftriaxone. En raison de l'augmentation de la résistance aux antibiotiques, il est crucial de réaliser un antibiogramme avant le traitement pour déterminer l'antibiotique le plus efficace. La prévention reste essentielle, avec l'utilisation systématique du préservatif lors de rapports sexuels comme méthode la plus efficace. Il n'existe pas de vaccin contre la gonorrhée.

Prévention

La prévention de la gonorrhée repose principalement sur l'utilisation systématique et correcte du préservatif lors de tout rapport sexuel, qu'il soit vaginal, anal ou sexe oral. Le préservatif constitue une barrière efficace contre la transmission de la bactérie Neisseria gonorrhoeae. Cependant, il est important de noter que la protection n'est pas totale, car la gonorrhée peut également se transmettre lors de caresses sexuelles ou d'échanges de jouets sexuels. En plus du préservatif, le dépistage régulier est crucial, en particulier pour les personnes sexuellement actives et les groupes à risque élevé. Un dépistage précoce permet un traitement rapide, réduisant ainsi les risques de complications et de transmission. L'éducation sexuelle et la sensibilisation aux pratiques sexuelles sûres jouent également un rôle important dans la prévention de cette infection sexuellement transmissible.

Les réponses à vos questions

La gonorrhée peut être détectée par un test de dépistage dès 48 heures après un rapport sexuel à risque, mais la période optimale pour un résultat fiable est d'attendre 7 jours après l'exposition potentielle.

Avec un traitement antibiotique approprié, la personne est généralement considérée comme guérie et non contagieuse une semaine après l'injection d'antibiotique. Cependant, il est important de suivre les recommandations du médecin et de faire un test de contrôle pour s'assurer de l'élimination complète de l'infection.

Non, la gonorrhée ne se guérit pas spontanément. Un traitement antibiotique prescrit par un médecin est nécessaire pour éliminer l'infection et prévenir les complications potentielles.

Bien que rare, il est possible de contracter la gonorrhée sans pénétration, par simple contact entre les organes génitaux ou par le partage de jouets sexuels. La transmission de la mère à l'enfant pendant l'accouchement est également possible.

Les jeunes adultes, en particulier les hommes âgés de 21 à 30 ans et les femmes de 16 à 25 ans, sont les plus touchés par la gonorrhée. Les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes présentent également un risque accru.

Le dépistage du gonocoque est recommandé après un rapport sexuel non protégé, en cas de symptômes suspects, ou au moins une fois par an pour les personnes sexuellement actives de moins de 25 ans. Il est conseillé de se faire dépister tous les 3 à 6 mois pour les personnes ayant des partenaires multiples ou à risque élevé. Pour un résultat fiable, il est préférable d'attendre 7 jours après une exposition potentielle.

Le diagnostic de la gonococcie repose principalement sur le test d'amplification des acides nucléiques (PRC/TAAN) réalisé sur un échantillon d'urine ou un prélèvement local. La culture bactérienne reste la méthode de référence car elle permet d'identifier la bactérie et de tester sa sensibilité aux antibiotiques. Pour les hommes symptomatiques, un examen microscopique direct (coloration de Gram) peut également être utilisé.

Chez l'homme, les principaux signes sont un écoulement urétral purulent jaune-verdâtre, des douleurs en urinant et parfois un gonflement des testicules. Chez la femme, les symptômes peuvent inclure des pertes vaginales anormales, des saignements entre les règles et des douleurs pelviennes. Il est important de noter que l'infection est souvent asymptomatique, particulièrement chez les femmes (jusqu'à 80% des cas).

Le dépistage de la gonorrhée se fait par un prélèvement local (urètre, vagin, col utérin, gorge, rectum) effectué par un professionnel de santé ou par un test d'urine (premier jet) pour les hommes et les femmes. Ces tests peuvent être réalisés dans un laboratoire de biologie médicale, un centre de dépistage, ou chez un médecin. Il est important de ne pas uriner ou éjaculer dans les 2 heures précédant le test pour éviter de fausser les résultats.

La "chaude-pisse" est un terme familier désignant la gonorrhée, une infection sexuellement transmissible causée par la bactérie Neisseria gonorrhoeae. Ce surnom provient du symptôme caractéristique de brûlures lors de la miction chez les hommes infectés

La gonorrhée, également appelée blennorragie est une infection sexuellement transmissible (IST) causée par la bactérie Neisseria gonorrhoeae. Elle se transmet principalement lors de rapports sexuels non protégés, qu'ils soient vaginaux, anaux ou oraux. Cette infection touche principalement les organes génitaux et urinaires, mais peut également affecter le rectum, la gorge et les yeux. La gonorrhée est la deuxième IST la plus fréquente en France, après l'infection à chlamydiae.

À propos de l’auteur

  • Dr Claire Vignault
    MD, PhD Biologiste et médecin de la Reproduction Responsable de la Recherche Clinique

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