Infections urinaires : dépistage, traitement et prévention

— 22 juillet 2024

Les infections urinaires, principalement causées par des bactéries, sont des inflammations touchant le système urinaire qui affectent plus fréquemment les femmes. Elles se manifestent généralement par des symptômes tels que des brûlures en urinant et des envies fréquentes d’uriner, et peuvent nécessiter un traitement antibiotique si elles ne se résolvent pas spontanément.  

Définition d’une infection urinaire

L’infection urinaire se définit par la présence d’agents infectieux, généralement des bactéries, dans les voies urinaires, associée à des symptômes caractéristiques.

Elle peut affecter différentes parties du système urinaire, notamment :

  • la vessie (cystite)
  • l’urètre
  • les uretères
  • les reins (pyélonéphrite)

Les symptômes typiques incluent des douleurs et brûlures lors de la miction, ainsi qu’un besoin fréquent et urgent d’uriner. L’infection urinaire est l’une des infections bactériennes les plus courantes, touchant environ 2 à 3% des femmes adultes chaque année. Bien que moins fréquente chez les hommes, elle peut survenir à tout âge et présenter des risques de complications si elle n’est pas traitée adéquatement.  

Les chiffres clés

Chez les femmes,
on estime que 2 à 3% des adultes
sont affectées chaque année. 
 

Chez l’homme, le risque d’IU augmente
après 65 ans et en présence de facteurs
comme l’immunosuppression ou des antécédents de chirurgie urologique.  

Les IU représentent l’une des quatre
principales localisations d’infections
nosocomiales en milieu hospitalier.  

Modes de transmission et de contamination des infections urinaires 

Les infections urinaires ne sont pas contagieuses et ne se transmettent pas directement d’une personne à une autre. Elles résultent généralement d’une auto-contamination par des bactéries présentes naturellement dans l’intestin, comme Escherichia coli, qui migrent vers l’urètre et remontent dans la vessie.

Certains facteurs peuvent favoriser cette migration bactérienne, notamment les rapports sexuels, qui peuvent entraîner mécaniquement les germes vers le méat urinaire. L’infection urinaire n’est cependant pas catégorisée dans les infections sexuelles transmissibles.

Symptômes et complications 

Les symptômes

Les symptômes typiques d’une infection urinaire incluent des brûlures et douleurs en urinant, des envies fréquentes et urgentes d’uriner, des urines troubles ou malodorantes, et parfois des douleurs dans le bas-ventre.  

Si non traitée, l’infection peut se propager aux reins, causant une pyélonéphrite, caractérisée par de la fièvre et des douleurs lombaires. D’autres complications possibles comprennent une infection générale sévère, particulièrement chez les hommes, ou des symptômes persistants comme des douleurs à l’éjaculation. Les personnes âgées ou avec des conditions particulières peuvent présenter des symptômes atypiques, tels qu’un syndrome confusionnel. 

Le dépistage

Le dépistage de l’infection urinaire est réalisé en laboratoire de biologie médicale via l‘utilisation de bandelettes urinaires réactives ou la réalisation de cytologie urinaire. Ces examens permettent de détecter la présence de leucocytes (globules blancs) et/ou de nitrites dans les urines, indicateurs d’une possible infection. Le test doit être réalisé sur les premières urines du matin, en respectant des conditions d’hygiène et de conservation spécifiques pour garantir sa fiabilité. Son résultat négatif n’élimine pas une infection urinaire.

En cas de résultat douteux, positif ou de symptômes persistants, le médecin peut prescrire une analyse d’urine plus approfondie (ECBU) pour identifier le germe responsable et adapter le traitement antibiotique.

Qu’est-ce que L’ECBU ? 

L’ECBU (Examen Cytobactériologique des Urines) est une analyse médicale essentielle pour diagnostiquer les infections urinaires. Il consiste en un prélèvement stérile d’urine, généralement effectué le matin au réveil, qui est ensuite examiné en laboratoire

  

Cet examen permet non seulement de confirmer la présence d’une infection urinaire, mais aussi de déterminer le germe en cause et sa sensibilité aux antibiotiques, guidant ainsi le choix du traitement le plus approprié. L’ECBU est généralement prescrit en cas de suspicion d’infection urinaire, mais aussi pour le suivi de certaines pathologies ou comme contrôle après un traitement antibiotique 

L’ECBU comprend deux parties principales :

  • Une cytologie qui étudie les cellules présentes dans l’urine (comme les globules blancs et rouges)
  • Une bactériologie qui identifie et quantifie les bactéries responsables de l’infection

Traitement

Le traitement d’une infection urinaire repose principalement sur l’antibiothérapie. Pour les cystites simples, un traitement antibiotique court est généralement prescrit, comme la fosfomycine en prise unique. Dans les cas plus complexes ou chez l’homme, le traitement peut durer de 7 jours à 3-4 semaines, notamment pour les prostatites. L’hydratation abondante et une miction régulière sont recommandées pour aider à éliminer les bactéries. Il est crucial de respecter la durée du traitement prescrit afin d’éviter les récidives et le développement de résistances aux antibiotiques. En cas de persistance ou d’aggravation des symptômes après 48 heures de traitement, une nouvelle consultation médicale est nécessaire.  

Comment prévenir les infections urinaires ?

Pour prévenir les infections urinaires, plusieurs mécanismes et habitudes peuvent être adoptés : 

  • Une hydratation adéquate, avec une consommation d’au moins 1,5 litre d’eau par jour, favorise l’élimination des bactéries par des mictions fréquentes (associée à une consommation de canneberge possible en cas de symptômes).

  • Une bonne hygiène intime est cruciale, notamment s’essuyer de l’avant vers l’arrière après être allé aux toilettes et uriner après les rapports sexuels.

  • L’utilisation de sous-vêtements en coton et l’évitement des produits d’hygiène irritants ou trop astringent (par exemple savon de Marseille) sont également recommandés.

  • Pour les femmes ménopausées sujettes aux infections récurrentes, l’application locale d’estrogènes peut être bénéfique.

  • Dans les cas d’infections urinaires récidivantes (plus de 4 pendant 12 mois consécutifs), un traitement antibiotique préventif peut être prescrit, particulièrement après les rapports sexuels si ceux-ci sont identifiés comme facteur déclenchant.  

Les réponses à vos questions

Les symptômes typiques d’une infection urinaire incluent des brûlures en urinant, des envies fréquentes et urgentes d’uriner, et des douleurs pelviennes.

Les infections urinaires peuvent devenir dangereuses si elles atteignent les reins, nécessitant alors une prise en charge urgente.

Pour les éviter, il est recommandé de s’hydrater suffisamment, d’uriner après les rapports sexuels et de maintenir une bonne hygiène intime.

La durée d’une infection urinaire non traitée est variable et dépend de plusieurs facteurs. Pour une simple cystite, l’infection peut disparaître spontanément en quelques jours, mais cela peut également prendre plusieurs semaines. Il est crucial de noter que sans traitement, les symptômes peuvent s’aggraver et l’infection peut éventuellement se propager à d’autres parties du système urinaire, notamment les reins, ce qui est plus grave. Le type de bactérie infectieuse, la force du système immunitaire du patient et la présence de problèmes de santé sous-jacents peuvent également influencer la durée de l’infection.

Bien que moins fréquentes, les hommes peuvent aussi avoir des infections urinaires, appelées prostatites, particulièrement après 50 ans ou en cas d’anomalies anatomiques.

Oui, certaines infections urinaires peuvent se résoudre spontanément. C’est généralement le cas lorsque l’infection est limitée à la vessie (cystite) et que les symptômes sont légers. Une bonne hydratation peut aider à éliminer les bactéries de la vessie et à soulager les symptômes. Cependant, il est important de noter que même si les symptômes disparaissent, cela ne signifie pas nécessairement que l’infection est complètement guérie.

Pour soulager rapidement une infection urinaire, plusieurs stratégies peuvent être adoptées. Le recours à des antibiotiques est souvent nécessaire. La fosfomycine, utilisée en monodose, est fréquemment prescrite, tout comme le pivmécillinam, administré sur une période de 5 jours. Ces médicaments ciblent la majorité des bactéries responsables des infections urinaires, dont Escherichia coli.

Parallèlement au traitement médicamenteux, d’autres mesures peuvent être prises :

  • boire abondamment pour favoriser l’élimination des bactéries par l’urine, et utiliser des remèdes naturels comme le jus de canneberge pour prévenir l’adhésion des bactéries aux parois de la vessie.
  • Il est conseillé de consulter un professionnel de santé dès l’apparition des symptômes, afin d’éviter les complications.

À propos de l’auteur

  • Dr Claire Vignault
    MD, PhD Biologiste et médecin de la Reproduction Responsable de la Recherche Clinique

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