Se baigner dans la Seine : Les risques réels pour la santé humaine

— 10 juillet 2024

Imaginez-vous plonger dans les eaux fraîches de la Seine par une chaude journée d’été, avec la Tour Eiffel en toile de fond. Cette scène, qui pourrait sembler idyllique, est en réalité interdite depuis près d’un siècle. Pourtant, à l’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024, la question de la baignade dans la Seine refait surface, suscitant à la fois espoir et inquiétude. 

I. Les risques sanitaires majeurs 

Se baigner dans la Seine aujourd’hui n’est pas sans danger. La pollution de l’eau, principalement d’origine microbiologique dû aux virus, bactéries et parasites , pose des risques significatifs pour la santé. Voici un aperçu des principaux dangers auxquels s’exposent les baigneurs. 

A. Les infections gastro-intestinales 

L’eau de la Seine est souvent contaminée par des bactéries telles que Escherichia coli et des entérocoques, qui sont des indicateurs de pollution fécale. Ces bactéries proviennent principalement des rejets d’eaux usées non traitées et des déjections animales. L’ingestion accidentelle de cette eau peut entraîner des infections gastro-intestinales, se manifestant par des symptômes tels que : 

  • Diarrhées
  • Maux de ventre 
  • Nausées 
  • Vomissements 

Ces infections peuvent être particulièrement graves chez les personnes vulnérables, comme les enfants, les personnes âgées et celles ayant un système immunitaire affaibli. 

B. Les infections cutanées et ORL 

Le contact de la peau avec l’eau polluée de la Seine peut provoquer diverses infections cutanées et ORL (oreilles, nez, gorge). Les risques sont accrus pour les personnes ayant des plaies ou des lésions cutanées. Parmi les infections possibles, on trouve : 

  • Dermatites : inflammations de la peau pouvant causer des rougeurs, des démangeaisons et des éruptions cutanées. 
  • Infections des yeux : conjonctivites et autres inflammations oculaires. 
  • Infections des oreilles : otites externes, souvent douloureuses et gênantes. 
  • Infections de la gorge : pharyngites et autres inflammations des voies respiratoires supérieures. 

Ces infections peuvent nécessiter des traitements médicaux et, dans certains cas, entraîner des complications plus graves. 

C. La leptospirose 

La leptospirose, également connue sous le nom de « maladie du rat », est une infection bactérienne grave transmise par l’urine de rongeurs contaminée. Cette maladie peut être contractée par contact de la peau ou des muqueuses avec de l’eau douce contaminée. Les symptômes de la leptospirose peuvent inclure : 

  • Fièvre élevée 
  • Maux de tête sévères 
  • Douleurs musculaires 
  • Frissons 
  • Vomissements 

Dans les cas les plus graves, la leptospirose peut entraîner des complications hépatiques, rénales ou méningées, et peut être potentiellement mortelle si elle n’est pas traitée rapidement. 

 

II. État actuel de la qualité de l’eau 

La qualité de l’eau de la Seine est un sujet de préoccupation majeure, tant pour les autorités que pour les citoyens. Malgré les efforts déployés ces dernières années, l’état actuel de l’eau du fleuve reste problématique, notamment en ce qui concerne la baignade. Examinons de plus près les résultats des études récentes et leur signification. 

A. Résultats des études récentes 

L’ONG Surfrider Foundation, connue pour son engagement en faveur de la protection des océans et des cours d’eau, a mené une série de tests sur la qualité de l’eau de la Seine. Les résultats sont révélateurs de l’état actuel du fleuve : 

  • Sur 14 tests réalisés, un seul a été jugé satisfaisant selon les normes de baignade. 
  • La majorité des échantillons prélevés présentaient des niveaux de pollution bactériologique supérieurs aux seuils autorisés. 
  • Les concentrations de bactéries comme Escherichia coli dépassaient fréquemment les limites acceptables pour une eau de baignade. 
  • Ces résultats mettent en lumière la persistance de problèmes de qualité de l’eau, malgré les efforts d’assainissement entrepris. 

B. Comparaison avec les normes législatives 

La législation européenne et française fixe des normes strictes pour la qualité des eaux de baignade. Ces normes sont basées sur la présence de certains indicateurs bactériologiques, notamment E. coli et les entérocoques intestinaux. Voici comment la Seine se positionne selon ces normes : 

©Surfrider

Echantillon du 10 juin 2024
Qualité d’eau « excellente » :  Qualité d’eau « suffisante » : 
E. COLI : 2216 UFC/100 ML  ≤ 500 UFC/100 ML  ≤ 900 UFC/100 ML
Entérocoques intestinaux 563 UFC/100 ML ≤ 200 UFC/100 ML ≤ 330 UFC/100 ML

Les tests effectués sur la Seine montrent que ces seuils sont régulièrement dépassés, parfois de manière significative. Par exemple, des concentrations de 2216 UFC/100 ml d’E. coli et 563 UFC/100 ml d’entérocoques ont été relevées au Pont Alexandre III en juin 2024, bien au-dessus des seuils recommandés par les fédérations de natation et de triathlon. 

C. Facteurs influençant la qualité de l’eau 

Plusieurs facteurs contribuent à la pollution persistante de la Seine : 

  • Rejets d’eaux usées : Malgré les progrès réalisés dans le traitement des eaux usées, des débordements peuvent encore se produire lors de fortes pluies. 
  • Ruissellement urbain : Les eaux de pluie qui ruissellent sur les surfaces imperméables de la ville entraînent divers polluants dans le fleuve. 
  • Activité industrielle : Bien que réglementée, l’industrie continue de contribuer à la pollution du fleuve. 
  • Trafic fluvial : Les bateaux circulant sur la Seine peuvent être source de pollution, notamment par leurs rejets. 

Conclusion

Se baigner dans la Seine comporte des risques sanitaires significatifs en raison de la pollution microbiologique et chimique de l’eau. Les infections gastro-intestinales, cutanées, ORL et la leptospirose sont les principaux dangers auxquels s’exposent les baigneurs. Malgré les efforts considérables pour améliorer la qualité de l’eau, notamment en vue des Jeux Olympiques de Paris 2024, la baignade dans la Seine reste interdite et fortement déconseillée sans autorisation spécifique. 

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