Scorbut : symptômes, dépistage, traitement de la maladie des marins

— 24 janvier 2025

Le scorbut, une maladie historique longtemps associée aux marins, reste une réalité médicale même dans notre société moderne. Cette affection, causée par une carence sévère en vitamine C, peut avoir des conséquences graves sur la santé si elle n’est pas détectée et traitée à temps. Dans cet article, nous explorerons en détail les symptômes, le dépistage et le traitement du scorbut, ainsi que son impact sur différents aspects de la santé. 

I. Le scorbut : définition, causes et symptômes 

A/ Qu’est-ce que le scorbut et quelles en sont les causes ? 

Le scorbut est une maladie de carence nutritionnelle causée par un manque prolongé de vitamine C, également appelée acide ascorbique. Cette vitamine est essentielle au bon fonctionnement de l’organisme, notamment pour la production de collagène, une protéine indispensable à la formation et au maintien des tissus conjonctifs. L’être humain, contrairement à de nombreux animaux, ne peut pas synthétiser la vitamine C et doit donc l’obtenir par son alimentation. 

Les causes principales du scorbut sont liées à une alimentation pauvre en fruits et légumes frais, principales sources de vitamine C. Cette situation peut survenir dans divers contextes : régimes alimentaires déséquilibrés, situations de précarité, troubles psychiatriques affectant l’alimentation, ou encore chez les personnes âgées isolées. Historiquement, le scorbut était fréquent chez les marins effectuant de longues traversées sans accès à des aliments frais. 

B/ Les symptômes caractéristiques du scorbut : cette maladie de carence 

Les symptômes du scorbut se développent généralement après plusieurs mois de carence en vitamine C. Ils peuvent varier en intensité et en nature, mais certains signes sont particulièrement caractéristiques : 

  • 1

    Fatigue et faiblesse généralisée : L’un des premiers symptômes est une asthénie importante, accompagnée d’une sensation de faiblesse musculaire et articulaire.

  • 2

    Problèmes bucco-dentaires : Les gencives deviennent gonflées, violacées et saignent facilement. Dans les cas avancés, on peut observer un déchaussement des dents, voire leur perte.

  • 3

    Manifestations cutanées : La peau devient sèche, rugueuse, avec parfois une hyperkératose folliculaire. Des ecchymoses et des hématomes apparaissent facilement, même sans traumatisme apparent.

  • 4

    Saignements et hémorragies : Le scorbut peut provoquer des saignements sous-cutanés, des saignements nasaux, ou la présence de sang dans les urines ou les selles.

  • 5

    Douleurs ostéo-articulaires : Des douleurs dans les articulations et les os sont fréquentes, pouvant être confondues avec d’autres pathologies rhumatismales.

  • 6

    Œdèmes des membres inférieurs : Un gonflement des jambes et des pieds peut se manifester, souvent accompagné de douleurs.

  • 7

    Troubles de la cicatrisation : Les plaies cicatrisent mal et peuvent même se rouvrir facilement.

  • 8

    Symptômes psychologiques : Une irritabilité, une dépression ou des troubles de l’humeur peuvent également survenir

Il est important de noter que ces symptômes peuvent être confondus avec ceux d’autres maladies, ce qui rend parfois le diagnostic du scorbut difficile, surtout dans les pays industrialisés où cette affection est devenue rare. 

II. Dépistage et diagnostic du scorbut 

A/ Les méthodes de dépistage du scorbut 

Le dépistage du scorbut repose sur plusieurs éléments complémentaires. 

Tout d’abord, l’anamnèse joue un rôle central. Le médecin interroge le patient sur ses habitudes alimentaires, son mode de vie et ses antécédents médicaux. Cette étape est essentielle pour identifier les facteurs de risque potentiels de carence en vitamine C. 

L’examen clinique est également fondamental. Le praticien recherche les signes caractéristiques du scorbut tels que les problèmes gingivaux, les manifestations cutanées, les ecchymoses ou les œdèmes des membres inférieurs. Une attention particulière est portée à l’état général du patient, notamment sa fatigue et ses douleurs articulaires. 

Dans certains cas, des examens complémentaires peuvent être nécessaires. Des radiographies peuvent être réalisées, en particulier chez les enfants, pour détecter d’éventuelles anomalies osseuses liées au scorbut. Ces images peuvent révéler des signes spécifiques comme la ligne blanche de Fraenkel au niveau des métaphyses des os longs. 

B/ Le diagnostic biologique du scorbut (dosage vitamine C) 

Le diagnostic définitif du scorbut repose sur le dosage sanguin de la vitamine C. Cette analyse, appelée ascorbémie, est réalisée dans un laboratoire de biologie médicale. Un taux sanguin de vitamine C inférieur à 2 mg/L (ou 11 µmol/L) est généralement considéré comme diagnostique du scorbut. 

Il est important de noter que le prélèvement sanguin pour le dosage de la vitamine C nécessite des précautions particulières. La vitamine C étant très sensible à la lumière et à la chaleur, l’échantillon doit être prélevé dans un tube spécifique et rapidement analysé pour éviter toute dégradation. 

D’autres examens biologiques peuvent être réalisés pour évaluer l’état de santé global du patient et rechercher d’éventuelles complications ou carences associées. Par exemple, une numération formule sanguine peut révéler une anémie, fréquemment associée au scorbut. 

Le diagnostic du scorbut peut parfois être confirmé de manière empirique par l’amélioration rapide des symptômes à la suite d’une supplémentation en vitamine C. Cette réponse au traitement est souvent spectaculaire et peut constituer un élément diagnostic supplémentaire. 

III. Traitement et prévention du scorbut

A/ La prise en charge thérapeutique du scorbut 

Le traitement du scorbut repose principalement sur la supplémentation en vitamine C. La dose recommandée varie selon les sources, mais généralement, on préconise l’administration de 1 gramme de vitamine C par jour, réparti en plusieurs prises. Cette supplémentation peut se faire par voie orale dans la plupart des cas, mais dans les situations graves ou en cas de troubles de l’absorption, une administration intraveineuse peut être nécessaire. 

La réponse au traitement est généralement rapide et spectaculaire. Les premiers signes d’amélioration peuvent être observés en quelques jours seulement. Les saignements gingivaux et les ecchymoses commencent à régresser en 24 à 48 heures. Les douleurs articulaires et la fatigue s’améliorent généralement en quelques jours. La guérison complète peut prendre plusieurs semaines, selon la sévérité initiale de la carence. 

En parallèle de la supplémentation en vitamine C, il est essentiel de traiter les éventuelles complications ou carences associées. Par exemple, une anémie concomitante peut nécessiter une supplémentation en fer. De même, les infections secondaires, notamment au niveau buccal, doivent être prises en charge de manière appropriée. 

B/ Prévention et recommandations nutritionnelles 

La prévention du scorbut passe avant tout par une alimentation équilibrée et riche en vitamine C. Les apports journaliers recommandés en vitamine C sont d’environ 110 mg pour un adulte âgé de 20 à 60 ans, et de 120 mg pour les personnes âgées. Ces besoins peuvent être facilement couverts par une consommation régulière de fruits et légumes frais. 

Voici quelques aliments particulièrement riches en vitamine C : 

– Agrumes : oranges, citrons, pamplemousses 

– Fruits rouges : fraises, framboises, myrtilles 

– Kiwis 

– Poivrons 

– Brocolis 

– Choux de Bruxelles 

– Épinards et autres légumes verts à feuilles 

Il est important de noter que la vitamine C est sensible à la chaleur et à l’oxydation. Pour maximiser l’apport en vitamine C, il est préférable de consommer ces aliments crus ou légèrement cuits. 

Dans certains cas, notamment chez les personnes à risque (personnes âgées, fumeurs, personnes suivant des régimes restrictifs), une supplémentation préventive en vitamine C peut être envisagée sous contrôle médical. 

En conclusion, bien que le scorbut soit devenu rare dans les pays industrialisés, il reste une réalité médicale qu’il ne faut pas négliger. Une alimentation équilibrée et variée, riche en fruits et légumes frais, reste la meilleure prévention contre cette maladie de carence. En cas de doute ou de symptômes évocateurs, il est important de consulter rapidement un médecin pour un diagnostic et une prise en charge appropriés. 

Ne négligez pas votre santé

Consultez votre médecin dès aujourd’hui pour discuter de vos symptômes et envisager des analyses adaptées.

Les réponses à vos questions

Les signes évocateurs du scorbut incluent une fatigue intense, des gencives gonflées et saignantes, des ecchymoses faciles, des douleurs articulaires et une peau sèche. Un examen médical et un dosage sanguin de la vitamine C sont nécessaires pour confirmer le diagnostic.

Le scorbut peut réapparaître en cas de carence prolongée en vitamine C, souvent due à une alimentation déséquilibrée, à la précarité, ou à certaines conditions médicales affectant l’absorption des nutriments.

La vitamine C est sensible à la chaleur, à la lumière et à l’oxygène. La cuisson prolongée, le stockage à long terme et l’exposition à l’air peuvent réduire significativement la teneur en vitamine C des aliments.

Les signes d’une carence en vitamine C incluent la fatigue, la faiblesse musculaire, les saignements gingivaux, la peau sèche, les ecchymoses faciles, les douleurs articulaires et une cicatrisation lente des plaies.

Les marins étaient particulièrement touchés par le scorbut lors des longues traversées en mer, car ils n’avaient pas accès à des fruits et légumes frais, principales sources de vitamine C.

À propos de l’auteur

Partagez cet article