La protéinurie

— 8 juin 2023

Définition

La protéinurie désigne la présence anormale de protéines dans l’urine. Les reins filtrent le sang afin d’éliminer les déchets et les excès de liquides corporels, conduisant à la formation de l’urine. Cependant, lorsque les reins ne fonctionnent pas correctement, des protéines sont susceptibles de se retrouver dans l’urine. La protéinurie est considérée comme significatives au-delà de 0,15 g/24h.

Les types de protéinurie

Il existe une protéinurie physiologique, inférieure à 0,10 g/24h. La protéinurie est considérée comme significative au-delà de 0,15 g/24h. Plusieurs mécanismes sont possibles, par passage de petites protéines contenues en quantité dans le sang, par altération du glomérule (membrane rénale permettant la filtration du sang), ou par diminution de la réabsorption tubulaire rénale. En dehors de la grossesse, il existe peu de variations physiologiques de la protéinurie.

La protéinurie est soit intermittente ou permanente

Les protéinuries intermittentes sont d’origine orthostatique, c’est-à-dire liées à la posture debout au cours de la journée (c’est pour cela qu’il est préférable de rechercher une protéinurie sur les premières urines du matin), ou consécutives à un effort physique, de la fièvre, une infection urinaire, une insuffisance cardiaque, une alimentation riche en protéines ou la prise de médicaments. La protéinurie orthostatique est fréquemment retrouvée à l’adolescence et chez l’adulte jeune.

Les protéinuries permanentes, sont soit d’origine glomérulaire, sélectives si elles sont essentiellement constituées d’albumine, ou non sélectives si leur composition se rapproche de la composition sanguine, soit d’origine tubulaire, généralement inférieures à 1g/L, soit isolées sans d’autres anomalies biologiques soit morphologiques.

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Les pathologies associées à la protéinurie

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Les protéinuries permanentes sont retrouvées dans les pathologies rénales, et notamment l’insuffisance rénale chronique, mais aussi dans des pathologies non-rénales, comme le diabète, l’hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires et la pré-eclampsie au cours de la grossesse. Des maladies auto-immunes telles que le lupus peuvent également être associées à une protéinurie.

Des protéinuries généralement transitoires et réversibles peuvent également être associées à des infections rénales (pyélonéphrite) ou vésicales (cystite). L’inflammation des voies urinaires (par ex. glomérulonéphrite) peut également être à l’origine d’une protéinurie.

Dans le cadre de l’insuffisance rénale chronique, du diabète et de l’hypertension artérielle, il est d’ailleurs maintenant recommandé de privilégier la recherche d’albumine urinaire, marqueur précoce d’atteinte rénale plus sensible.

Protéinurie et grossesse

Pendant la grossesse, une petite quantité de protéines dans l’urine peut être normale, mais une quantité excessive peut être le signe d’une pré-éclampsie, une complication grave qui peut mettre en danger la vie de la mère et du bébé. Il est donc essentiel que les femmes enceintes fassent vérifier régulièrement leur taux de protéines dans l’urine lors des visites prénatales. Si une protéinurie excessive est détectée, il est important de consulter rapidement un professionnel de santé pour évaluer la situation et prendre les mesures nécessaires pour préserver la santé de la mère et du fœtus.

Les symptômes de la protéinurie

La protéinurie est souvent découverte fortuitement, par hasard, au détour d’une visite médicale du travail ou scolaire, d’un bilan de santé (par exemple d’assurance) ou d’un suivi de grossesse. Il n’y a généralement pas de symptôme spécifique, d’où l’importance de la rechercher régulièrement dans le cadre d’un bilan de médecine préventive. Au même titre que l’évaluation du débit de filtration glomérulaire par le dosage sanguin de la créatinine, permettant d’évaluer la fonction rénale, la recherche d’une protéinurie est complémentaire, sensible et précoce pour suivre la « santé » du rein.

Le diagnostic de la protéinurie

Intérêts et indications

La protéinurie est un facteur de risque cardiovasculaire et rénal majeur, indépendant du débit de filtration glomérulaire et un marqueur de progression de l’insuffisance rénale. La recherche régulière de protéines dans les urines est également indiquée chez la femme enceinte, contribuant au diagnostic de la pré-éclampsie chez la femme enceinte hypertendue.

Les analyses : 

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Le test urinaire (protéines urinaires 24h)

Le recueil du patient sur 24h est le prélèvement idéal, mais peu pratique, notamment chez l’enfant ou la personne âgée. En 1ère intention, le recueil d’un échantillon, idéalement sur les 1ères urines du matin, est privilégié. Il est recommandé d’y associer un dosage de créatininurie afin de pouvoir exprimer le résultat sous la forme d’un rapport et de s’affranchir de la concentration des urines.

Il est important de confirmer une protéinurie sur un 2ème recueil (matinal, voire des 24h). En cas de protéinurie permanente, des examens complémentaires tels que la recherche d’une hématurie (sang dans les urines) ou une électrophorèse des protéines urinaires seront nécessaires pour établir le diagnostic. Un suivi régulier sera alors conseillé pour suivre l’évolution de la protéinurie.

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Le test sanguin (la prise de sang)

Des examens complémentaires sanguins pourront être nécessaires pour le patient devant la découverte d’une protéinurie pour établir le diagnostic, évaluer les facteurs de comorbidités et l’état de santé général, ou dans le cadre du suivi de la maladie rénale.

Avoir une protéinurie élevée, est-ce grave ?

La gravité de la protéinurie dépend avant tout de la cause sous-jacente, dont la prise en charge efficace permettra de contrôler, de réduire, voire d’éliminer la présence de protéines dans les urines du patient.

Les protéinuries bénignes sont les plus fréquentes. Elles sont généralement intermittentes et souvent inférieures à 1g/L avec une prédominance d’albumine, et ne sont pas associées à un risque majeur (en dehors de la grossesse).

Les protéinuries pathologiques sont classiquement permanentes. Le niveau de la protéinurie permet avant tout d’orienter le diagnostic.

Les protéinuries élevées sont liées à une altération du glomérule (membrane rénale assurant la filtration du sang), alors que les protéinuries modérées sont d’origine tubulaire ou pré-rénale.

Les protéinuries supérieures à 3g/L sont généralement révélatrices d’un syndrome néphrotique, dont les causes sont multiples. Le caractère sélectif ou non de la protéinurie d’origine glomérulaire est également un critère de gravité. Les protéinuries glomérulaires non-sélectives, sans nette prédominance d’albumine, témoignent d’une altération fonctionnelle du glomérule.

Le traitement et la prise en charge de la protéinurie

La prise en charge d’une protéinurie dépend de la cause sous-jacente. Si l’origine est inflammatoire et/ou auto-immune, le traitement par anti inflammatoire et/ou immunosuppresseur peut permettre de diminuer la protéinurie. En cas d’infection urinaire, un traitement antibiotique efficace contribuera à un retour à la normale.

  1. En plus du traitement étiologique (de la cause), des mesures complémentaires peuvent être prise, dans le cadre notamment de pathologies chroniques.
  2. Réduire sa consommation de sel : Le contrôle de la tension artérielle contribue à la maitrise de la protéinurie et des facteurs de risque cardiovasculaires.
  3. Contrôler sa glycémie : Dans le cadre d’une protéinurie d’origine diabétique, la maitrise de la glycémie permet de ralentir l’évolution de la maladie et préserve des complications rénales.
  4. Contrôler son poids : L’obésité est un facteur de risque des maladies cardiovasculaires et du diabète. Elle contribue également à la présence de protéines dans les urines.
  5. Eviter les médicaments néphrotoxiques
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Sources :

La Revue du Praticien Médecine Générale, tome 25, n° 853, janvier 2011 – Évangéline Pillebout
Revue Francophone des Laboratoires – Avril 2013 – n°451 – Exploration de la protéinurie au laboratoire – Lydvine Raidelet, Thierry Le Bricon.
Médecine des maladies Métaboliques – Décembre 2010 – Vol. 4 – N°6, Le diabète gestationnel, Recommandations du Collège national des gynécologues et obstétriciens français et de la Société francophone du diabète

Les réponses à vos questions

Tout dépend de l’origine de la protéinurie, et de son caractère réversible ou non. D’où l’importance du diagnostic dans la prise en charge des protéinuries. Le traitement de la maladie sous-jacente permettra de maitriser, réduire voire éliminer la protéinurie.

La recherche de la protéinurie est importante dans le dépistage et le suivi de la maladie rénale. C’est un indicateur sensible et précoce de l’atteinte rénale, et plus globalement de l’état général. En cas de grossesse, de maladie rénale chronique, d’hypertension artérielle ou de maladie cardiovasculaire, le dépistage et le suivi régulier de la protéinurie ou de l’albuminurie est recommandé. Chez la femme enceinte, la protéinurie contribue au diagnostic de pré-éclampsie.

Une protéinurie supérieure à 150 mg par jour chez les adultes est considérée comme significative. Les protéinuries < 1g/L sont considérées comme modérées. Au-delà de 3 g/L, la protéinurie est habituellement associée à un syndrome néphrotique.

Les maladies associées à la protéinurie sont nombreuses. Parmi les plus fréquentes :

  1. La maladie rénale.
  2. Le diabète : Le diabète est une maladie qui peut endommager les reins et entraîner une protéinurie. Lorsque le taux de glucose sanguin est élevé pendant une longue période, les reins peuvent être endommagés, ce qui peut entraîner la fuite de protéines dans l’urine.
  3. Les maladies cardiovasculaires, et notamment l’hypertension artérielle.
  4. Infections des voies urinaires.
  5. Maladies auto-immunes comme le lupus.

La prise en charge d’une protéinurie dépend de la cause sous-jacente. Si l’origine est inflammatoire et/ou auto-immune, le traitement par anti inflammatoire et/ou immunosuppresseur peut permettre de diminuer la protéinurie. En cas d’infection urinaire, un traitement antibiotique efficace contribuera à un retour à la normale.

  1. En plus du traitement étiologique (de la cause), des mesures complémentaires peuvent être prise, dans le cadre notamment de pathologies chroniques.
  2. Réduire sa consommation de sel : Le contrôle de la tension artérielle contribue à la maitrise de la protéinurie et des facteurs de risque cardiovasculaires.
  3. Contrôler sa glycémie : Dans le cadre d’une protéinurie d’origine diabétique, la maitrise de la glycémie permet de ralentir l’évolution de la maladie et préserve des complications rénales.
  4. Contrôler son poids : L’obésité est un facteur de risque des maladies cardiovasculaires et du diabète. Elle contribue également à la présence de protéines dans les urines.
  5. Eviter les médicaments néphrotoxiques

La prise en charge d’une protéinurie dépend de la cause sous-jacente. Si l’origine est inflammatoire et/ou auto-immune, le traitement par anti inflammatoire et/ou immunosuppresseur peut permettre de diminuer la protéinurie. En cas d’infection urinaire, un traitement antibiotique efficace contribuera à un retour à la normale.

  1. En plus du traitement étiologique (de la cause), des mesures complémentaires peuvent être prise, dans le cadre notamment de pathologies chroniques.
  2. Réduire sa consommation de sel : Le contrôle de la tension artérielle contribue à la maitrise de la protéinurie et des facteurs de risque cardiovasculaires.
  3. Contrôler sa glycémie : Dans le cadre d’une protéinurie d’origine diabétique, la maitrise de la glycémie permet de ralentir l’évolution de la maladie et préserve des complications rénales.
  4. Contrôler son poids : L’obésité est un facteur de risque des maladies cardiovasculaires et du diabète. Elle contribue également à la présence de protéines dans les urines.
  5. Eviter les médicaments néphrotoxiques

Une protéinurie supérieure à 150 mg par jour chez les adultes est considérée comme significative. Les protéinuries de valeur < 1g/L sont considérées comme modérées. Au-delà de 3 g/L, la protéinurie est habituellement associée à un syndrome néphrotique.

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