La pré-éclampsie : définition, causes, symptômes, prévention et diagnostic

— 26 avril 2023

Définition de la pré-éclampsie

médecin et femme enceinte

La pré-éclampsie (PE) est une pathologie spécifique de la grossesse survenant au cours du second trimestre (à partir de 20 semaines d’aménorrhée). Elle se traduit par une élévation de la pression artérielle et la fuite anormale de protéines dans les urines, à la suite d’une cascade de dysfonctionnements dus à un défaut de perfusion du placenta.

La PE affecte 1 à 2% des femmes enceintes et est responsable d’un tiers des naissances prématurées en France. Dans 10% des cas, la PE évolue vers une forme sévère qui peut mettre en jeu le pronostic vital de la mère et de l’enfant à naître. C’est une des causes principales de décès maternel après l’hémorragie de la délivrance.

Si la prise en charge de la PE repose en partie sur la clinique, la biologie intervient largement dans le dépistage, le suivi, le pronostic mais également en détection très précoce.

Les causes et facteurs de risques de la pré-éclampsie

La maladie est multifactorielle, le terrain génétique semblant intervenir dans la moitié des cas.
Plusieurs facteurs de risque sont connus :

  • Antécédent de pré-éclampsie
  • Grossesse multiple
  • Première grossesse
  • Hypertension artérielle (HTA) chronique, maladie rénale chronique, diabète
  • Obésité (IMC > 30)
  • Age > 40 ans ou < 18 ans
  • Antécédents familiaux de pré-éclampsie (mère, grand-mère…)
  • Syndrome des ovaires polykystiques
  • Maladie auto-immune
  • Changement récent de partenaire sexuel ou port durable du préservatif (faible exposition au sperme du père avant la grossesse)

Les symptômes de la pré-éclampsie

  • Maux de tête sévères et persistants
  • Troubles visuels (hypersensibilité à la lumière, « mouches », tâches ou brillance devant les yeux, vision double…)
  • Troubles de l’audition (acouphènes)
  • Douleurs abdominales et diminution du volume des urines
  • Nausées et vomissements
  • Œdèmes (gonflement des mains, des pieds, du visage et des chevilles) et prise de poids rapide en quelques jours

Les complications de la pré-éclampsie

La pré-éclampsie sévère

Les critères diagnostics de la forme sévère sont cliniques et biologiques, liés notamment à des atteintes rénales et hépatiques. Un des symptômes caractéristiques est la douleur abdominale « en barre » persistante ou intense. Des signes respiratoires ou neurologiques sont également à surveiller.

Les complications fœtales

La pré-éclampsie étant une maladie d’origine placentaire, ses complications retentissent sur le fœtus car celui-ci dépend des échanges placentaires. Elles se traduisent par un retard de croissance intra-utérin, une souffrance fœtale aiguë avec risque de décès dans 2 à 5% des cas ou encore une prématurité.

Les complications maternelles

La pré-éclampsie peut se compliquer d’emblée, surtout si elle n’est pas traitée à temps. Toute complication maternelle et/ou fœtale est une indication d’interruption de grossesse (notamment par césarienne en urgence), d’autant plus si le pronostic vital est engagé.

  • L’éclampsie : forme grave et potentiellement mortelle de la PE, elle se manifeste par des crises convulsives.
  • L’hémorragie cérébrale.
  • L’hématome rétro-placentaire dû au décollement du placenta.
  • Le syndrome HELLP avec destruction des globules rouges et des plaquettes, et atteinte hépatique grave.
  • Les complications dites systémiques, affectant différents organes (foie, reins, poumons, cerveau, yeux), sont liées à des troubles sévères de la coagulation qui se traduisent soit par des thromboses (caillots) soit par des hémorragies.

Prévention et diagnostic de la pré-éclampsie

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Le dépistage urinaire

Le dépistage urinaire consiste à doser systématiquement l’albumine sur un échantillon d’urine, tous les mois à partir de 20 semaines d’aménorrhée. Si l’albuminurie est excessive, il faut réaliser un dosage sur urines de 24h.

Le diagnostic biologique

La concentration des protéines ou protéinurie doit être dosée sur un recueil urinaire de 24h : si elle est élevée et associée à une HTA, elle signe la pré-éclampsie.

Ces analyses ne nécessitent pas d’être à jeun et sont pris en charge à 100% par l’Assurance Maladie sur présentation d’une ordonnance.

La prise en charge avant et après l’accouchement

Le traitement

Indispensable en cas de pré-éclampsie, l’hospitalisation permet :

  • D’évaluer la gravité pour la mère.
  • De déterminer le retentissement sur le fœtus.
  • D’instaurer un traitement en fonction du bilan : antihypertenseur si l’hypertension artérielle (HTA) maternelle est sévère.
  • De provoquer l’accouchement, parfois précocement et le plus souvent par césarienne, en cas d’urgence pour la mère et/ou le fœtus.

Si le bilan maternel et fœtal est rassurant, un traitement à domicile est possible selon un protocole de suivi obstétrical spécifique. En l’absence d’évolution sévère, l’accouchement peut avoir lieu à 37 semaines de grossesse.

Le suivi de la mère après l’accouchement

Un traitement antihypertenseur n’est prescrit que si l’HTA sévère persiste.

Un suivi médical est dans tous les cas nécessaire car la pré-éclampsie, et notamment la survenue d’une hypertension artérielle (HTA) pendant la grossesse, augmente les risques à long terme d’HTA chronique, de récidive de pré-éclampsie lors d’une grossesse suivante, d’accident cardiovasculaire (surtout s’il existe d’autres facteurs de risque cardiovasculaire) et de maladie rénale. C’est pourquoi le suivi à long terme comprend la surveillance de la pression artérielle et de la protéinurie chez la patiente.

Si une autre grossesse est souhaitée, une consultation avant la conception est conseillée pour anticiper au mieux la prise en charge obstétricale.

Les réponses à vos questions

L’éclampsie est une complication redoutable de la pré-éclampsie qui se manifeste par une épilepsie généralisée, potentiellement fatale. Liée à l’hypertension artérielle mal contrôlée, l’éclampsie peut même survenir après l’accouchement, le plus souvent dans les 2 premiers jours.

La prévention de la pré-éclampsie repose sur le suivi mensuel par le gynécologue, la sage-femme ou le médecin généraliste, dans le but d’instaurer un traitement au plus vite si nécessaire.

Cette surveillance comprend :

  • Le dépistage des facteurs de risque à la 1ère consultation
  • Un examen clinique mensuel avec la mesure systématique de la pression artérielle
  • Le dosage mensuel de la protéinurie au laboratoire de biologie médicale

La pré-éclampsie survient à partir de 20 semaines d’aménorrhée et parfois même après l’accouchement (jusqu’à 6 semaines).

De manière générale, la survenue d’une pré-éclampsie entraîne une hospitalisation pour évaluation maternelle et fœtale. L’objectif de cette prise en charge est de prolonger la grossesse le plus longtemps possible dans l’intérêt du bébé à naître.

Selon la gravité de la pré-éclampsie, un traitement médicamenteux est prescrit pour :

  • La mère, pour lutter contre une hypertension artérielle sévère et prévenir l’éclampsie
  • Le fœtus, pour accélérer sa maturation pulmonaire en cas de pré-éclampsie, avant 34 semaines d’aménorrhée

En cas de facteurs de risques ou de symptômes évocateurs, consultez votre médecin traitant, votre sage-femme ou votre gynécologue, afin de mesurer votre pression artérielle et doser vos protéines dans les urines au laboratoire de biologie médicale (protéinurie).

La pré-éclampsie ne provoque pas toujours de symptôme mais certains signes cliniques peuvent être observés :

  • Maux de tête sévères et persistants
  • Troubles de la vision (hypersensibilité à la lumière, « mouches », taches ou brillance devant les yeux, vision double…)
  • Troubles de l’audition (acouphènes)
  • Douleurs abdominales
  • Nausées et vomissements
  • Œdèmes (gonflement des mains, des pieds, du visage et des chevilles) et prise de poids rapide en quelques jours
  • Diminution du volume des urines
  • Augmentation de la pression artérielle

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