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Juin Vert – Interview avec Dr Lauzin

— 19 juin 2024
Dr Dominique Lauzin
Biologiste Biogroup / Président Bio86

Nous avons rencontré le Dr Dominique Lauzin, biologiste Biogroup et président de Bio86.  Fort de son expertise et de son engagement dans la prévention des maladies, le Dr Lauzin nous a partagé des informations sur le dépistage du cancer du col de l’utérus, les méthodes de prévention actuelles et les initiatives en cours pour sensibiliser les femmes et les professionnels de santé.

La campagne Juin Vert est une initiative nationale visant à sensibiliser le public à l’importance du dépistage du cancer du col de l’utérus. En mettant l’accent sur la prévention et le dépistage précoce, cette campagne aspire à réduire l’incidence de ce cancer et à encourager davantage de femmes à se faire dépister régulièrement.

1/ Juin Vert est le mois de la campagne de sensibilisation pour le dépistage du cancer du col de l’utérus. Pouvez-vous nous expliquer l’importance de cette campagne ?

Nous constatons que les taux de dépistage du cancer du col de l’utérus en France, y compris dans notre département de la Vienne, ne sont pas au niveau des pourcentages européens. Il est donc crucial d’encourager les femmes à continuer à se faire dépister et même à augmenter leur fréquence de dépistage. En effet, selon les CRCDC, les femmes en âge de procréer se font dépister correctement. Cependant, à partir de 40-50 ans, le taux de dépistage diminue. Il est donc nécessaire de mener une campagne pour sensibiliser davantage à ce sujet.

En france, chaque année :

3000 cas

de cancer du col de l’utérus sont
diagnostiqués.

1000 décès

par an sont causés par le
cancer du col de l’utérus.

3/4 des cancers

du col de l’utérus surviennent
chez des femmes jeunes.

41,8% des femmes

de 25 à 65 ans sont mal
dépistées en France.

2/ Pouvez-vous nous en dire plus sur les méthodes de dépistage possibles et à quelle fréquence elles devraient être effectuées ?

Pour les femmes entre 25 et 30 ans, le frottis cervico-utérin avec analyse des cellules du col de l’utérus (cytologie) est recommandé. Le frottis doit être réalisé tous les 3 ans. Pour les femmes de plus de 30 ans, le dépistage du papillomavirus (HPV) est préconisé avec une fréquence de tous les 5 ans. Il est important de respecter ces intervalles de dépistage pour une détection précoce et efficace du cancer du col de l’utérus.

3/ Quels sont les facteurs de risque associés au cancer du col de l’utérus ?

Le principal facteur de risque du cancer du col de l’utérus est l’infection par le papillomavirus humain (HPV). Les antécédents familiaux de cancer du col de l’utérus, le surpoids, le tabagisme, une alimentation déséquilibrée et des comportements sexuels à risque, tels que la multiplicité des partenaires et les relations non protégées sont d’autres facteurs contributifs. Connaître et gérer ces risques peut aider à réduire la probabilité de développer ce cancer.

4/ Que diriez-vous aux femmes qui hésitent encore à se faire dépister ?

Le cancer du col de l’utérus est un cancer qui peut être traité efficacement s’il est détecté tôt. C’est vraiment un exemple typique où la prévention peut grandement améliorer les choses. En France, environ 3000 cas de cancer du col de l’utérus sont diagnostiqués chaque année, dont beaucoup pourraient être évités grâce au dépistage régulier et au suivi par colposcopie chez le gynécologue.

Aujourd’hui, il existe des moyens beaucoup plus simples pour se faire dépister, notamment l’auto-prélèvement vaginal. C’est un simple écouvillon qui permet de faire le prélèvement à domicile, en toute intimité. Il n’est donc pas toujours nécessaire de passer par un frottis cervico-utérin avec la pose d’un spéculum chez un gynécologue, une sage-femme ou au laboratoire par un biologiste. Ces méthodes plus simples et accessibles peuvent être proposées lors d’une consultation chez le médecin généraliste.

Pour les patientes entre 30 et 65 ans

L’auto-prélèvement est une alternative fiable quand l’accès aux professionnels de santé est difficile. Cliquez ici pour plus d’informations.

5/ Comment peut-on encourager plus de femmes à participer à ces programmes de dépistage ?

Je pense que la promotion de l’auto-prélèvement vaginal, bien que pas encore largement mise en avant par les CRCDC, sera bientôt une réalité. Cette simplification du dépistage permettra à plus de femmes de se faire dépister. En rendant le dépistage plus accessible et moins intimidant, notamment par la possibilité de réaliser le prélèvement à domicile, nous pouvons encourager davantage de femmes à participer aux programmes de dépistage. Une meilleure information sur ces méthodes, leur simplicité et leur efficacité, ainsi que des campagnes de sensibilisation ciblées, peuvent également jouer un rôle crucial dans l’augmentation des taux de dépistage.

6/ Y a-t-il des avancées récentes dans la prévention ou le traitement du cancer du col de l’utérus ?

Il est crucial de souligner qu’un dépistage précoce permet souvent d’éviter complètement le développement du cancer. La colposcopie réalisée par un gynécologue reste un élément clé du suivi. L’essentiel est de garantir une prise en charge la plus précoce possible, car cela permet de détecter et traiter les anomalies avant qu’elles ne progressent vers un cancer. La sensibilisation et l’encouragement au dépistage régulier sont donc des éléments fondamentaux pour la prévention efficace de ce cancer

7/ Pouvez-vous nous parler de votre actualité juin vert ?

En Juin Vert, nous avons mené une action en collaboration avec le CRCDC de Nouvelle-Aquitaine. Cette initiative visait à réexpliquer les différents moyens de prévention et la prise en charge des patientes. Nous avons organisé une présentation avec une sage-femme, un gynécologue, le médecin coordinateur du CRCDC ainsi que l’association Imagyn, afin de rappeler les bonnes pratiques recommandées par la HAS. Cette présentation a rassemblé 80 participants, démontrant le besoin d’information des praticiens sur le dépistage du cancer du col de l’utérus.

De plus, avec le CRCDC, j’ai participé à une conférence de presse en collaboration avec les laboratoires BIOGROUP. Ces laboratoires partagent les résultats des tests HPV et des frottis, ce qui permet de cibler les femmes qui n’ont pas été dépistées et de générer des statistiques sur les résultats. Cette initiative contribue à améliorer la couverture et l’efficacité des programmes de dépistage.

8 / Un dernier mot pour la fin

Il est essentiel de sensibiliser les praticiens ces derniers mois sur l’importance du dépistage du cancer du col de l’utérus, car nous partons de très loin avec un nombre encore trop faible de dépistages réalisés. Il existe une marge de progression significative.
Nous recevons des patientes qui nous demandent comment se faire dépister. Nous leur expliquons qu’il y a plusieurs moyens : elles peuvent utiliser le courrier du CRCDC, qui vaut ordonnance et leur permet de se faire dépister, ou obtenir une prescription de leur médecin. Un médecin non informé peut très bien l’être par une de ses patientes, qui pourrait lui dire qu’il est possible de faire un simple écouvillon pour se dépister. Ensuite, le médecin pourra se procurer le kit de prélèvement auprès de nous.

La sensibilisation doit se faire sur tous les fronts, auprès des patients et des professionnels de santé, pour améliorer significativement les taux de dépistage et prévenir efficacement le cancer du col de l’utérus

Les réponses à vos questions

5 jours pour le test HPV-HR. En cas de résultat positif, le prélèvement (sauf si auto-prélèvement vaginal) sera adressé à un centre d’anatomie pathologie par votre laboratoire.

Les recommandations de dépistage sont les mêmes que l’on soit vaccinée ou non.

Avec une ordonnance, les tests HPV-HR sont pris en charge par l’assurance maladie. Il n’y a donc pas d’avance de frais.

Si des cellules anormales et/ou la présence de virus sont détectées, cela ne signifie pas nécessairement que vous avez un cancer. Votre médecin ou votre sage-femme vous indiquera les examens complémentaires nécessaires.

L’HPV, aussi connu sous le nom de Papillomavirus Humain, est une famille de virus très répandue. Il existe plus de 200 types d’HPV. Certains d’entre eux, appelés HPV à haut risque, sont particulièrement préoccupants car ils peuvent provoquer des lésions précancéreuses et des cancers, notamment du col de l’utérus. Le virus se transmet principalement par voie sexuelle, mais il peut également se transmettre par contact peau à peau.

L’infection par le virus de l’HPV est souvent asymptomatique, ce qui signifie qu’elle ne présente pas de signes cliniques visibles. Cependant, dans certains cas, des symptômes peuvent apparaître. Par exemple, les types d’HPV 6 et 11 peuvent provoquer l’apparition de condylomes acuminés, des verrues anogénitales bénignes. En cas d’infection persistante par certains types d’HPV à haut risque, des anomalies cellulaires peuvent se développer au niveau du col de l’utérus, évoluant vers des lésions précancéreuses puis un cancer.

Il est possible de contracter le papillomavirus sans avoir de rapport sexuel. Bien que le mode de transmission principal soit via des relations sexuelles, le virus est aussi transmissible par contact direct ou indirect avec la peau ou les muqueuses infectées. Cela peut se produire, par exemple, lors de l’utilisation d’objets personnels comme des serviettes ou des vêtements contaminés.

Il faut toutefois souligner que la probabilité de transmission du HPV sans rapport sexuel est beaucoup plus faible. Pour limiter les risques, il est recommandé de respecter certaines règles d’hygiène, comme l’utilisation d’objets personnels propres et de ne pas partager des objets potentiellement contaminés.

Actuellement, il n’existe pas de test sanguin pour le dépistage du papillomavirus. Le virus HPV se trouve principalement dans les cellules des muqueuses génitales, ce qui rend le prélèvement de cellules cervicales, par frottis ou auto-prélèvement, la méthode privilégiée pour son dépistage. Néanmoins, des avancées sont en cours. L’Institut de Cancérologie de Lorraine (ICL) a récemment mis au point un test de diagnostic des cancers du col de l’utérus liés au HPV à partir d’une prise de sang. Ce test est encore en phase d’essai clinique.

Un HPV positif fait référence au résultat d’un test HPV qui a détecté la présence de l’ADN du papillomavirus dans l’échantillon analysé. Ce résultat signifie que l’individu est infecté par le virus HPV. Il est crucial de noter qu’un test HPV positif n’indique pas la durée de l’infection, ni s’il s’agit d’une infection récente ou chronique.

De plus, un résultat positif ne signifie pas forcément que l’individu va développer un cancer. Néanmoins, il indique un risque accru, surtout si l’infection persiste et n’est pas traitée.

En cas de test HPV positif, le médecin peut recommander des examens complémentaires pour vérifier s’il y a présence d’anomalies cellulaires pouvant évoluer vers des lésions pré-cancéreuses ou un cancer.

Le dépistage de l’HPV, que ce soit pour le frottis ou le test HPV, peut être réalisé de deux manières principales : par un frottis classique réalisé par un professionnel de santé, ou par un auto-prélèvement.

Le frottis, ou examen cytologique, implique le prélèvement de cellules au niveau du col de l’utérus à l’aide d’une petite brosse. Ces cellules sont ensuite analysées en laboratoire afin de détecter d’éventuelles anomalies pouvant indiquer la présence du virus.

L’auto-prélèvement, quant à lui, offre une alternative plus accessible et respectueuse de l’intimité des femmes. Ce test consiste à prélever soi-même un échantillon de cellules vaginales à domicile, à l’aide d’un kit spécifique, qui est ensuite envoyé à un laboratoire de biologie médicale pour analyse.

Le frottis et le test HPV sont deux méthodes de dépistage du cancer du col de l’utérus qui présentent des différences fondamentales.

Le frottis est un examen cytologique qui consiste à prélever des cellules du col de l’utérus pour les analyser au microscope à la recherche d’éventuelles anomalies cellulaires. Il se focalise sur l’aspect des cellules. Il est recommandé pour les femmes de 25 à 30 ans et a réaliser tous les 3 ans.

Le test HPV, en revanche, recherche directement la présence du virus HPV à haut risque en détectant l’ADN du virus dans le prélèvement. Il permet donc d’identifier une infection par le HPV avant même l’apparition d’éventuelles anomalies cellulaires. Il est recommandé pour les femmes de plus de 30 ans et à réaliser tous les 3 ans.

Pour savoir si on est infecté par le papillomavirus, il faut réaliser un test de dépistage HPV. Cela peut se faire à partir de 25 ans avec un frottis cervico-utérin à renouveler tous les trois ans.

Dès 30 ans, un test HPV est recommandé, à effectuer tous les cinq ans. Le test HPV cherche dans l’échantillon prélevé la présence d’ADN du virus. En cas de résultat positif, des examens complémentaires seront nécessaires pour détecter d’éventuelles anomalies cellulaires.

Il est à noter que le test HPV est plus efficace que l’examen cytologique pour les femmes de plus de 30 ans.

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