INFECTIOLOGIE

La rougeole : définition, symptômes, diagnostic et prévention

— 25 septembre 2023

Qu’est-ce que la rougeole ?

Définition : La rougeole est un infection très contagieuse causée par un virus du genre Morbilivirus appartenant à la famille des Paramyxovirus comme le virus des oreillons. Cette maladie virale se distingue des autres infections habituellement contractées dans la petite enfance (rubéole, oreillons…) par des complications potentiellement mortelles (pneumonie, encéphalite).

Certaines catégories de personnes sont plus à risques de développer ces complications comme les enfants en bas âge (pneumopathies) ou les personnes âgées ou immunodéprimées (lésions cérébrales).

Avec la mise en place de place de la vaccination à grande échelle dès 1974 au niveau mondial, le nombre de cas a fortement diminué.

Néanmoins, dans la décennie précédent l’épidémie de SarsCoV-2, on a assisté à une résurgence du nombre de cas (27 000 cas en France entre 2008 et 2018 avec 23 décès). La rougeole reste fréquente dans les pays en développement où la vaccination est moins accessible.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il y a eu environ 870 000 cas de rougeole signalés dans le monde en 2019, en augmentation par rapport aux années précédentes.

On peut espérer mieux contrôler voire éradiquer cette infection par la mise en place de la vaccination obligatoire en France (depuis 2018) et par la déclaration obligatoire des cas de rougeole permettant de surveiller l’évolution du nombre de cas et de mettre en place les investigations épidémiologiques pour les cas groupés ainsi que d’entreprendre les mesures de prévention autour des cas.

Quels sont les symptômes de la rougeole ?

Entrée du virus

Après l’entrée du virus dans l’organisme, la période d’incubation dure environ 10 jours (10 à 12 jours). Pendant la période d’incubation le virus est présent mais le malade ne ressent pas encore de symptôme.

Phase d’invasion

Elle est suivie par une phase d’invasion (2 à 4 jours) où l’on observe les premiers signes cliniques généraux : fièvre de plus de 38.5°C, fatigue et des signes oculo-respiratoires comme de la toux, une conjonctivite ou une rhinite.

Eruption

L’éruption de type maculo-papuleuse apparait vers le 14ème jour après contamination, sur le visage et le cou puis s’étend sur tout le corps et dure environ 6 jours (variation maximale entre 7 et 18 jours).

D’autres signes cliniques peuvent accompagner l’éruption comme la diarrhée ou une hépatite. Chez les personnes anciennement immunisées même non-immunodéprimées, une réactivation est possible. Les symptômes sont souvent moins intenses, atypiques et de plus courte durée.

Quels sont les modes de transmission de la rougeole ?

La rougeole est une maladie très contagieuse qui se transmet facilement d’une personne à l’autre par voie aérienne. Cela signifie que le virus se propage par gouttelettes respiratoires qui sont produites lorsque la personne infectée tousse, éternue ou parle. Les gouttelettes peuvent contenir des particules virales qui peuvent rester en suspension dans l’air pendant plusieurs heures, ce qui augmente le risque d’infection pour les personnes qui se trouvent dans la même pièce.

Bon à savoir : Les personnes atteintes de la rougeole sont contagieuses environ quatre jours avant l’apparition de l’éruption cutanée et jusqu’à quatre jours après. 

Le virus de la rougeole peut également se propager par contact direct avec des sécrétions nasales ou de la gorge d’une personne infectée. Il peut également survivre pendant plusieurs heures sur des surfaces contaminées, telles que des poignées de porte ou des jouets.

Les complications et séquelles de la rougeole

Dans la grande majorité des cas, la rougeole est une infection aiguë virale éruptive infantile comme les autres. Néanmoins, en raison de l’immunodépression induite par l’infection virale, les surinfections bactériennes sont fréquentes dans les suites d’une rougeole (otite notamment).

En fonction du délai d’apparition de ces complications, on les classe en 3 catégories :

Complications immédiates

  • Pneumonies notamment chez les enfants (2 à 7% des cas)
  • Infections auriculaires : otite pouvant conduire à une perte de l’ouie
  • Infections oculaires : kératite, atteinte de la rétine pouvant conduire à une cécité
  • Encéphalites aiguës (jusqu’à 0.1% des cas de rougeole) avec jusqu’à 30% de mortalité ou handicapante (épilepsie, retard mental)

Complications à moyen terme (1 à 6 mois)

  • L’encéphalite à inclusion chez l’immunodéprimé avec une mortalité très élevée

Complications à long terme (4 à 10 ans)

  • Panencéphalite sclérosante subaiguë (0.01% des cas de rougeole) touchant des enfants ayant fait une rougeole avant l’âge d’un an dont les rougeoles congénitales : apparition progressive de troubles neurologiques (démence, troubles du comportement ou moteurs) de très mauvais pronostic

Les complications sont plus fréquentes et plus sévères :

  • Chez le nourrisson de moins d’un an insuffisamment protégé par les anticorps de sa mère
  • Les personnes immunodéprimées
  • Les adultes de plus de 20 ans

La femme enceinte non immunisée (n’ayant jamais été vaccinée ou n’ayant jamais été contaminée) contractant une rougeole peut également présenter une forme grave de rougeole. De plus, les risques chez le futur enfant sont très significativement accrus : fausse couche et rougeole congénitale potentiellement grave.

Le diagnostic de la rougeole

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Une prise de sang

  • Sur prescription médicale
  • Sans être à jeun
  • En laboratoire de biologie médicale

Après contamination par le virus de la rougeole, initialement dans les cellules du tractus respiratoire et de la conjonctive, on le retrouve dans le sang de façon furtive après 2 à 3 jours et de là, va essaimer dans tous les corps et de multiples organes donc certains globules blancs sanguins.

Le génome du virus (ARN) est détectable environ 5 jours avant le début de l’éruption et ce, jusqu’à 12 jours après. La période optimale de détection dans le sang, la salive, le nez ou la gorge est dans les 5 jours suivant le début de l’éruption. L’ensemble des signes cliniques habituellement retrouvés pendant la rougeole (fièvre, éruption cutanée et toux) peut aider à poser le diagnostic en général.

Habituellement, le diagnostic biologique de la rougeole se fait par la recherche d’anticorps IgG et IgM au moment d’un prélèvement sanguins sans être à jeun sur prescription au laboratoire de biologie médicale. Les IgM apparaissent habituellement au début de l’éruption, vont persister un à deux mois et disparaitre. La période optimale de détection est de J3 à J28 après le début de l’éruption.

Les IgG apparaissent concomitamment aux IgM ou avec un décalage de quelques jours pour atteindre un pic au bout de 3 semaines. Puis leur concentration va décroitre lentement mais persister jusqu’à plusieurs dizaines d’années.

L’immunité conférée par les anticorps maternels protège l’enfant jusqu’à 6 à 9 mois. La recherche directe du virus est également possible en ciblant l’ARN du virus dans divers prélèvements : salive, sang, nasopharyngé, liquide céphalo-rachidien.

Le traitement

Une maladie à déclaration obligatoire

Les cas de rougeole doivent être déclarés le plus rapidement par les biologistes ou les prescripteurs au niveau des instances de santé (Agence Régionale de santé) de façon à surveiller l’évolution de l’incidence, investiguer l’épidémiologie des cas groupés et de prendre des mesures préventives au niveau individuel et autour du ou des cas. La confirmation biologique des cas cliniques est un élément essentiel de la surveillance.

Le traitement

Il n’existe pas de traitement antiviral spécifique pour la rougeole. Il est principalement symptomatique, vise à soulager les symptômes et à prévenir les complications :

  • Repos : Le repos au lit peut aider à soulager la fatigue et la fièvre associées à la rougeole.
  • Hydratation : Boire suffisamment de liquide est important pour prévenir la déshydratation qui peut se produire en raison de la fièvre et de la perte d’appétit.
  • Antipyrétiques : Les médicaments antipyrétiques, tels que l’ibuprofène ou l’acétaminophène, peuvent aider à réduire la fièvre et soulager les maux de tête et les douleurs corporelles.
  • Suppléments en vitamine A : Les suppléments en vitamine A sont recommandés pour les enfants atteints de rougeole, car ils peuvent réduire le risque de complications, en particulier la cécité.
  • Traitement des complications principalement infectieuses.

En cas de contact avec un cas confirmé chez une personne non enceinte mais à risque et n’ayant pas d’anticorps contre le virus, une vaccination peut être réalisée dans les 72 premières heures et ainsi peut permettre d’éviter la survenue de la maladie.

Chez les personnes n’ayant pas été vaccinées dans les 72 dernières heures et à risque de développer une rougeole grave, une injection d’immunoglobulines peut être envisagé après exposition à un cas confirmé.

La prévention

Le vaccin ROR au cœur du dispositif

Avant la mise en place du programme élargi de vaccination de l’OMS en 1974, cette année-là, on dénombrait plus de 130 millions de cas dont 8 millions de décès. Malgré une baisse très importante depuis, la rougeole est encore largement répandue, notamment dans les pays où le revenu par habitant est faible (Afrique subsaharienne, Inde, Chine…). En France, fin 2018, il existait encore une circulation du virus, principalement chez les jeunes adultes. Malgré un rattrapage vaccinal en progression, la couverture vaccinale en deçà des 95% est insuffisante pour espérer une éradication de cette maladie. La décision de rendre obligatoire la vaccination depuis 2018 devrait atteindre cet objectif.

Ce vaccin est généralement administré sous forme de vaccin combiné avec les valences contre la rubéole et les oreillons, connu sous le nom de vaccin ROR.

Le calendrier vaccinal en France recommande que les enfants reçoivent deux doses de vaccin ROR, la première dose étant administrée entre 12 et 15 mois et la seconde dose entre 4 et 6 ans. Il est également prévu un rattrapage vaccinal des adultes qui n’ont pas été vaccinés ou qui n’ont pas eu la rougeole.

Outre la vaccination, il est important de prendre des mesures de prévention pour réduire le risque de contracter la rougeole. Cela peut inclure :

  • Éviter le contact étroit avec des personnes atteintes de la rougeole notamment pour les populations à risque.
  • Porter une protection quand on est suspecté d’avoir contracté une rougeole.
  • Se laver les mains régulièrement avec de l’eau et du savon ou utiliser un désinfectant pour les mains.

Les réponses à vos questions

La meilleure façon de protéger votre bébé contre la rougeole est de le faire vacciner. Le vaccin contre la rougeole est généralement administré en combinaison avec les vaccins contre la rubéole et les oreillons, connu sous le nom de vaccin ROR. La première dose du vaccin ROR est recommandée dès 12 mois, et la seconde dose de rappel entre 4 et 6 ans.

La rougeole est une maladie virale qui se manifeste par les symptômes suivants :

  1. Fièvre élevée (souvent supérieure à 38,5°C)
  2. Éruption cutanée rougeâtre et taches blanches à l’intérieur des joues
  3. Toux sèche
  4. Écoulement nasal
  5. Yeux rouges et larmoyants
  6. Sensation générale de malaise, fatigue et douleurs musculaires

Le premier signe d’infection est en général une forte fièvre qui apparaît environ 10 à 12 jours après l’exposition au virus et persiste 4 à 7 jours.

Les démangeaisons sont importantes. L’éruption cutanée apparait d’abord sur la nuque, le thorax, le ventre ou le dos, mais peut progressivement toucher tout le corps,

La rougeole peut s’attraper à tout âge mais elle atteint essentiellement les enfants à partir de l’âge de 5-6 mois et les jeunes adultes.

Les symptômes de la rougeole et de la varicelle sont similaires mais elles sont bien différentes car causée par des virus différents qui ont des caractéristiques différentes. La rougeole est plus rare mais peut causer des complications plus graves que la varicelle.

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