Recrudescence de coqueluche : une épidémie oubliée refait surface en France

— 9 août 2024

La France traverse actuellement une résurgence de la coqueluche, marquée par une forte augmentation du nombre de cas et des signalements de cas groupés depuis le début de l’année 2024, selon les rapports de Santé publique France et du ministère de la Santé. L’ampleur et la durée de ce cycle épidémique restent imprévisibles. Bien que certains indicateurs montrent une tendance à la baisse, il convient d’interpréter ces données avec prudence, car les chiffres du mois de juillet ne sont pas encore consolidés.

Rappel : Définition et symptômes de la maladie de la coqueluche

La coqueluche est une infection respiratoire bactérienne hautement contagieuse causée par la bactérie Bordetella pertussis. Elle se caractérise par :

  • des maux de gorge
  • des quintes de toux violentes et prolongées souvent suivies d’une inspiration bruyante ressemblant au « chant du coq ».

La maladie évolue généralement en trois phases : catarrhale (symptômes de rhume), paroxystique (toux sévère) et de convalescence. Bien que potentiellement grave chez les nourrissons et les jeunes enfants, la coqueluche peut aussi affecter les adolescents et les adultes, se manifestant souvent par une toux persistante de plusieurs semaines. La vaccination a considérablement réduit son incidence, mais des pics d’activité cycliques surviennent encore tous les 2 à 5 ans.

Des données préoccupantes de l’épidémie 2024

Selon les données de Santé publique France, 5 854 cas de coqueluche ont été diagnostiqués sur l’ensemble du territoire métropolitain depuis le début de l’année 2024, contre seulement 495 cas sur toute l’année 2023, indiquant un très fort rebond de la maladie.

©Santé Publique France

La résurgence actuelle de la coqueluche en France s’inscrit dans un contexte européen de recrudescence de la maladie. Selon l’ECDC, 32 037 cas ont été recensés en Europe entre le 1er janvier et le 31 mars 2024, dépassant déjà le total de 25 130 cas rapportés pour toute l’année 2023.

En France, les différents indicateurs de surveillance suivis par Santé publique France confirment l’intensification de la circulation de la bactérie. Le réseau hospitalier RENACOQ a rapporté 46 cas chez des nourrissons de moins de 12 mois, soit plus que les 41 cas de 2023. Une quinzaine de clusters totalisant 70 cas ont été signalés au premier trimestre 2024, principalement dans des collectivités comme les écoles et les garderies.

Cette situation préoccupante nécessite une sensibilisation accrue de la population et des professionnels de santé, notamment en prévision de la période estivale propice à la transmission et des grands rassemblements liés aux Jeux Olympiques et Paralympiques.

La coqueluche n’est pas une maladie à déclaration obligatoire, mais les cas doivent être signalés à l’Agence régionale de santé dans deux situations spécifiques :

  • Lors du signalement des infections nosocomiales.
  • En cas de survenue de cas groupés (à partir de deux cas), qu’ils soient intrafamiliaux ou en collectivités.

Analyse des cycles de recrudescence de la coqueluche

La coqueluche évolue par cycles de recrudescence tous les trois à cinq ans en France, avec des pics épidémiques observés en 1997, 2000, 2005, 2009, 2012-2013 et 2017-2018. Bien qu’un rebond ait pu être attendu en 2021-2022, les mesures sanitaires liées à la pandémie de COVID-19 ont probablement réduit la transmission de la maladie. Cependant, depuis début 2024, une nette augmentation des cas a été constatée, marquant le début d’un nouveau cycle épidémique. Cette résurgence s’inscrit dans un contexte plus large de recrudescence en Europe, avec des épidémies importantes signalées dans plusieurs pays voisins. L’intensité de cette résurgence en France a surpris les autorités sanitaires, soulignant l’importance d’une vigilance accrue et du renforcement des mesures préventives.

De plus, l’organisation des Jeux Olympiques et les flux humains importants agissent comme une caisse de résonance pour l’épidémie et sa propagation.

Impact de la coqueluche sur les bébés et les jeunes enfants

La coqueluche représente un danger particulièrement grave pour les nourrissons âgés de moins de 6 mois qui ne sont pas encore protégés par la vaccination. Cette maladie respiratoire peut entraîner des complications sévères telles que des pauses respiratoires, des arrêts respiratoires, des pneumonies, des convulsions et des lésions cérébrales potentiellement mortelles. En France, sur les 17 décès liés à la coqueluche recensés depuis le début de 2024, 12 concernaient des nourrissons âgés de 1 à 2 mois. La transmission se fait principalement au sein des familles ou des collectivités, les parents et les frères et sœurs pouvant contaminer le bébé sans le savoir. Pour protéger efficacement les nourrissons, la vaccination des femmes enceintes entre le 5ème et le 8ème mois de grossesse est fortement recommandée, car elle permet de réduire de 95% le risque de décès lié à la coqueluche chez les bébés de moins de 3 mois.

Pour rappel, le 22 juillet 2024, la Haute Autorité de Santé (HAS) a préconisé que toutes les personnes en contact étroit avec un nouveau-né ou un nourrisson de moins de 6 mois, que ce soit dans un contexte familial ou professionnel, reçoivent une dose de rappel du vaccin contre la coqueluche si leur dernière vaccination remonte à plus de cinq ans.

La PCR : un diagnostic rapide et précis

Le dépistage de la coqueluche repose principalement sur l’utilisation de la réaction en chaîne par polymérase (PCR), qui est un test de référence pour confirmer la présence de la bactérie Bordetella pertussis. Ce test est particulièrement recommandé pour les personnes présentant des symptômes de toux depuis moins de trois semaines, car sa sensibilité diminue au-delà de cette période. Le prélèvement se fait généralement par écouvillonnage nasopharyngé, une méthode qui nécessite de maintenir la tête du patient inclinée en arrière et d’insérer l’écouvillon dans la narine jusqu’à la paroi rhino-pharyngée. En période d’épidémie, comme celle observée actuellement en France, la PCR est cruciale pour un diagnostic rapide et précis, permettant de suivre précisément la propagation de la maladie.

Notre meilleure arme : le vaccin contre la coqueluche

Le 22 juillet 2024, la Haute Autorité de Santé (HAS) a préconisé que toutes les personnes en contact étroit avec un nouveau-né ou un nourrisson de moins de 6 mois, que ce soit dans un contexte familial ou professionnel, reçoivent une dose de rappel du vaccin contre la coqueluche si leur dernière vaccination remonte à plus de cinq ans.

Le vaccin contre la coqueluche est le moyen le plus efficace pour prévenir cette maladie respiratoire hautement contagieuse. Il est obligatoire pour les nourrissons dès l’âge de deux mois et est fortement recommandé pour les femmes enceintes afin de protéger les nouveau-nés, qui sont particulièrement vulnérables aux formes graves de la maladie. La vaccination des femmes enceintes permet de transmettre des anticorps protecteurs au fœtus, réduisant ainsi le risque d’infection chez le nourrisson jusqu’à ce qu’il puisse être vacciné lui-même. En cas d’absence de vaccination chez la mère, une stratégie de cocooning est préconisée, consistant à vacciner l’entourage proche du nourrisson pour limiter les risques de transmission. Les rappels vaccinaux sont également essentiels pour maintenir une protection efficace au fil du temps, car ni l’infection naturelle ni la vaccination n’offrent une immunité à vie.

Les réponses à vos questions

  • La coqueluche évolue par cycles de 3 à 5 ans. Après une faible circulation pendant la pandémie de COVID-19, un nouveau cycle épidémique a démarré en 2024. Depuis le début de l’année, on constate une forte augmentation des cas, avec près de 7 000 PCR positives sur les 5 premiers mois de 2024, contre 518 pour toute l’année 2023.
  • La maladie continue de circuler, car à l’inverse de nombreuses maladies infantiles, il est possible d’avoir plusieurs fois la coqueluche.
  • Le vaccin est efficace, l’immunité obtenue ne dure qu’une dizaine d’années.

Non, ce sont les nourrissons de moins de 6 mois, non encore complètement vaccinés, qui sont les plus vulnérables aux formes graves.

La vaccination reste le moyen de protection le plus efficace. Les autorités sanitaires recommandent désormais trois mesures complémentaires :

  • Vaccination obligatoire : tous les nourrissons doivent être vaccinés dès l’âge de 2 mois, avec des rappels à 6 ans, entre 11 et 13 ans, et à 25 ans (avec une possibilité de rattrapage jusqu’à 39 ans inclus).
  • Vaccination des femmes enceintes : à partir du deuxième trimestre de chaque grossesse, pour garantir le transfert d’anticorps maternels au fœtus, offrant ainsi une protection indirecte dès la naissance en attendant la vaccination du nourrisson.
  • Stratégie de « cocooning » : si la mère n’a pas été vaccinée pendant la grossesse, vacciner les adultes susceptibles d’être en contact étroit avec le nourrisson durant ses six premiers mois de vie, afin d’éviter que des adultes ayant perdu leur immunité ne transmettent la maladie aux nourrissons non encore protégés.

La coqueluche réapparaît en raison de cycles épidémiques naturels, d’une immunité collective affaiblie par les mesures sanitaires liées au COVID-19, et d’une couverture vaccinale insuffisante chez certaines populations. L’immunité induite par la maladie ou par les vaccins ne permet pas une protection à vie : il est possible de contracter la coqueluche plusieurs fois, et les vaccins ne protègent que pendant une dizaine d’années.

En France, la coqueluche connaît une résurgence importante en 2024, avec une forte augmentation des cas et des décès, particulièrement chez les nourrissons non vaccinés. Selon les données de Santé publique France, au 24 juillet 2024, le nombre de passages aux urgences pour coqueluche a été multiplié par 15 entre la semaine 10 et la semaine 27, avant de légèrement diminuer. Le nombre d’hospitalisations après passages aux urgences a été multiplié par 6 entre la semaine 10 et la semaine 29, avec une augmentation très importante depuis mi-mai. En termes de décès, un total provisoire de 28 décès a été rapporté depuis le début de l’année, dont 20 enfants (18 âgés de moins de 1 an) et 8 adultes. Le mois de juillet a été particulièrement meurtrier avec 9 décès enregistrés

La coqueluche se soigne principalement avec un traitement antibiotique, notamment des macrolides comme la clarithromycine, qui réduisent les symptômes et la contagiosité.

Oui, il est possible d’attraper la coqueluche même en étant vacciné, mais les symptômes seront généralement moins sévères et la maladie de plus courte durée. L’efficacité du vaccin varie entre 85 et 100%.

Les premiers symptômes de la coqueluche ressemblent à ceux d’un rhume, avec une toux légère, un écoulement nasal et parfois une légère fièvre. Après une à deux semaines, ces symptômes sont suivis par des quintes de toux sévères et paroxystiques, souvent accompagnées d’un bruit caractéristique de « chant du coq » lors de l’inspiration. Ces quintes de toux peuvent être si intenses qu’elles provoquent des vomissements, de la fatigue et des difficultés respiratoires.

Oui, la coqueluche est très contagieuse. C’est une infection respiratoire qui se transmet facilement par voie aérienne, notamment lorsqu’une personne infectée tousse ou éternue.

Pour savoir si on a la coqueluche, il faut :

  1. Consulter un médecin qui évaluera les symptômes cliniques, notamment la présence d’une toux persistante et caractéristique.
  2. Effectuer un test en laboratoire, généralement une PCR (réaction en chaîne par polymérase) sur un prélèvement nasopharyngé. Ce test est le plus fiable pour détecter la bactérie responsable de la coqueluche, surtout dans les 3 premières semaines de la maladie.

Le diagnostic définitif repose sur la combinaison de l’évaluation clinique par le médecin et des résultats du test en laboratoire

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