Ma santé, mon labo, protégeons ceux qui nous protègent !

— 21 octobre 2022

Les biologistes médicaux ont appris avec stupéfaction que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2023 prévoyait de réaliser une ponction d’au moins 250 millions d’euros sur l’enveloppe des actes courants des laboratoires de biologie médicale pour 2023, 2024, 2025, 2026.

Cette menace financière inédite sur la biologie du quotidien est, en réalité, une menace directe pour la qualité des soins, l’emploi dans les territoires, la capacité d’innovation des laboratoires et leur maillage.

La profession a donc décidé de s’unir pour la première fois au sein de l’Alliance de la Biologie Médicale, ABM.

C’est la première fois que les laboratoires organisent un front commun, pourquoi ?

La biologie du quotidien n’a jamais été aussi directement menacée par le politique. Notre profession a déjà permis à la CNAM de réaliser 5,2 milliards d’euros d’économie en 10 ans mais aller plus loin dans cette politique en nous imposant 250 millions d’euros de baisse de financement sur notre enveloppe d’actes courants chaque année c’est risquer de mettre à mal une filière d’excellence qui agit au service des patients.

Nous voulons participer à l’effort de maîtrise des dépenses mais nous ne sommes pas prêts à payer seuls la facture, surtout si le prix à payer est la désorganisation de notre filière au détriment des patients.

Etes-vous satisfait des dispositions contenues dans le PLFSS ?

La biologie médicale est bien plus qu’une ligne budgétaire, c’est un investissement pour la santé des Français et la performance de notre système de santé.

L’imposition d’une politique de diminution tarifaire de tous les actes de biologie pour un montant de 250 millions d’euros est une décision purement comptable qui ne tient absolument pas compte de notre rôle !

D’autant plus, que cette décision est prise sans tenir compte des risques de déstabilisation sur les parcours de soins qu’elle pourrait entrainer à très court terme, dans un contexte de 8ème vague Covid.

Nous ne pouvons rester les bras croisés face à cette ponction dangereuse, injuste et injustifiée : une profession de santé exemplaire qui participe à 70 % des diagnostics médicaux et représente moins de 2 % des dépenses de santé ne peut assumer seule 20 % du total des économies demandées pour boucher le déficit de la Sécurité sociale.

Comprenez-vous l’effort demandé par le gouvernement ?

Bien sûr que nous le comprenons ! Et nous sommes prêts à faire une contribution spéciale au titre de notre activité exceptionnelle due au Covid ces deux dernières années.

Le problème n’est pas de participer, c’est de voir comment on participe. En l’état, le projet de régulation du gouvernement vise le financement des actes de routine réalisés par les biologistes médicaux, au prétexte de notre activité Covid.

Une situation exceptionnelle appelle une contribution exceptionnelle, mais pas une ponction historique et structurelle sur des actes de biologie qui n’ont rien à voir avec le Covid. D’autant que la biologie médicale a déjà fait des efforts. Son coût est passé de 66 € à 57 € par habitant et par an entre 2013 et 2022 et elle ne représente que 1,8% des dépenses de santé.

Notre position est claire : Oui à un effort conjoncturel, non à une cure d’austérité structurelle qui mettrait en danger notre capacité à exercer notre mission au service de la santé des Français.

En même temps, la rentabilité des laboratoires s’est largement accrue dernièrement…

C’est précisément le fait de la crise Covid, comme nous l’avons toujours dit ! Et c’est pourquoi nous proposons au gouvernement une contribution exceptionnelle sur la base de cette activité que nous avons réalisé, ne l’oublions pas, à la demande expresse des autorités.

Nous ne maîtrisons ni la demande de tests ni les tarifs, nous n’avons fait que répondre aux directives gouvernementales pour protéger la population et l’économie. Nous avons relevé le défi du Covid au pied levé alors même que nous sortions d’une décennie de contraction budgétaire : depuis 2013, le volume d’actes en biologie a crû de 30 % alors que nos dépenses n’augmentaient que de 3 %. L’ONDAM, lui, a progressé de près de 28% sur cette période.

Malgré cela, nous avons été au rendez-vous de la crise et avons mis sur la table les investissements nécessaires (en machines et en personnels). Sans oublier les efforts fournis par la profession pour améliorer les capacités de pilotage et de gestion de la crise par les pouvoirs publics : que ce soit au travers du développement du SIDEP ou de la participation active des laboratoires au projet EMERGEN.

Etes-vous prêts au dialogue ?

Nous nous sommes toujours inscrits dans une démarche de dialogue et nous ne changerons pas de méthode. Nous sommes prêts à travailler à une régulation tarifaire pour participer à l’effort de maitrise des dépenses de santé sur le périmètre Covid.

Toutefois, un projet purement comptable d’une telle ampleur aurait des incidences graves :

  • En contraignant nos capacités d’investissement technologique ;
  • En nous obligeant à fermer des sites, particulièrement dans les territoires où l’offre de soins est déjà insuffisante.

Plus globalement, ce coup de rabot aurait pour conséquence une dégradation progressive de la qualité des prises en charges.

Pour finir…

L’avenir de la biologie médicale

  • Se prépare aujourd’hui et pour cela nous devons continuer à innover.
  • C’est aussi un accès aux soins pour tous partout sur le territoire.

Depuis 10 ans nous avons tout mis en œuvre pour mailler le territoire Français. Ainsi, vous trouverez désormais un laboratoire de biologie médicale dans toutes les communes de plus de 8 500 habitants.

Le coup de rabot initié par le gouvernement mettra un coup d’arrêt à cette préparation de l’avenir.

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