Les arboviroses : Chikungunya, Zika, Dengue, ce qu’il faut savoir de ces virus transmissibles par des piqures de moustiques
Les arboviroses (Dengue, Chikungunya, Zika, fièvre jaune ou West-Nile…) sont des maladies virales à déclaration obligatoire, transmises par les moustiques. Elles circulent principalement dans les régions tropicales ou subtropicales avec, depuis quelques années, une augmentation de l’incidence des infections et la description de cas autochtones dans les régions tempérées dont la France métropolitaine.
La plupart du temps, la piqure de moustique tigre est inoffensive et peut être traité comme une simple piqure de moustique. En revanche, ce nouveau genre de moustique peut être véhiculeur de maladies graves, notamment le virus du chikungunya, du Zika ou bien la dengue. Il est alors recommandé de suivre l’évolution de la piqure.
Surveillance épidémiologique en France
En France métropolitaine, la surveillance des épidémies de la dengue, du chikungunya et du Zika repose principalement sur le suivi des cas importés de ces maladies.
Du 1er mai au 30 novembre de chaque année, Santé publique France coordonne une surveillance renforcée saisonnière en lien avec les Agences Régionales de Santé (ARS) concernées.
Cette surveillance vise à détecter rapidement les cas suspects, à mettre en place des mesures de lutte anti-vectorielle et à limiter le risque de transmission autochtone.
En 2024, la France a connu son premier cas autochtone de dengue dans l’Hérault, déclenchant des actions immédiates telles que la confirmation biologique, la recherche active de cas, la sensibilisation des professionnels de santé et du public, ainsi que des mesures de lutte anti-vectorielle.
Ce système de surveillance permet d’adapter les stratégies de prévention et de contrôle face à l’implantation durable du moustique vecteur Aedes albopictus dans la plupart des départements français.
En France, les maladies à déclaration obligatoire (MDO) incluent la dengue, le chikungunya et le Zika, notamment dans les zones où le vecteur, le moustique Aedes albopictus, est présent. Les médecins et les laboratoires de biologie médicale, qu’ils soient publics ou privés, sont légalement tenus de déclarer ces maladies aux autorités sanitaires compétentes dès qu’ils les diagnostiquent ou les suspectent. Cette déclaration permet une intervention rapide pour contrôler et prévenir la propagation des maladies.
La dengue
La maladie du moustique tigre
Le virus de la dengue est transmis par piqures de moustique du genre Aedes, Aedes aegypti et Aedes albopictus (ce dernier est aussi appelé “moustique tigre”). L’incidence mondiale de la dengue a augmenté de manière spectaculaire donnant lieu à 100 à 400 millions d’infections chaque année. La moitié de la population mondiale est désormais exposée au risque de contracter cette maladie. L’incubation dure en moyenne 4 à 7 jours (mais peut aller de 3 à 14 jours). Généralement bénigne, elle guérit spontanément en une semaine sans séquelle.
À noter : la dengue est asymptomatique dans 50% à 90% des cas ! Et on peut être infecté plusieurs fois par des sérotypes différents !
Les symptômes de la dengue
Les symptômes de la dengue se traduisent par un syndrome pseudo-grippal, des troubles digestifs et une éruption cutanée. Des signes hémorragiques mineurs sont également possibles.
Cependant des formes graves voire fatales peuvent survenir, caractérisées par l’apparition, au 3ème ou 4ème jour, d’un syndrome polyviscéral et hémorragique : choc hypovolémique, choc hémorragique et/ou atteinte sévère d’organe (méningo-encéphalite, myocardite, hépatite fulminante, rupture de rate). Les facteurs favorisants sont l’âge (< 15 ans), la drépanocytose, l’asthme, le diabète.
Traitement et prévention de la dengue – le vaccin
Le traitement de la dengue est symptomatique. Il n’existe pas de traitement spécifique contre la dengue ou la dengue sévère. La détection précoce des signes d’évolution vers une dengue sévère et l’accès à des soins médicaux appropriés permettent de réduire le taux de mortalité de la dengue sévère à un niveau inférieur à 1%. Un vaccin existe mais n’est pas encore disponible en France (efficacité de 42% à 77% en fonction des sérotypes). Il est plus efficace chez les plus de 9 ans qui ont un statut séropositif à la dengue au moment de la vaccination.
Le chikungunya
Les symptômes de la dengue se traduisent par un syndrome pseudo-grippal, des troubles digestifs et une éruption cutanée. Des signes hémorragiques mineurs sont également possibles. Le chikungunya est une maladie virale transmise à l’homme par des piqures de moustiques infectés du genre Aedes, dont le “moustique tigre” (Aedes albopictus). Dans environ 10% à 40% des cas, le chikungunya est asymptomatique (pourcentage variable selon les épidémies).
L’incubation du chikungnya
Après une incubation de 3 à 7 jours, 60% à 90% des personnes peuvent présenter des symptômes :
• Une fièvre élevée d’apparition brutale
• Des douleurs articulaires pouvant être intenses, touchant principalement les petites articulations des extrémités (poignets, chevilles, phalanges)
• Des douleurs musculaires
• Des maux de tête
• Une éruption cutanée maculopapuleuse
L’évolution est le plus souvent favorable au bout d’une dizaine de jours, sans séquelle, mais le chikungunya peut aussi évoluer vers une phase chronique marquée par des douleurs articulaires persistantes. Celles-ci peuvent survenir chez 30% à 40% des patients et durer plusieurs mois voire plusieurs années.
Le virus du ZIKA
Le virus Zika a été isolé pour la première fois en 1947 en Ouganda, dans la forêt de Zika d’où il tire son nom. Il est transmis par piqûres de moustiques du genre Aedes, dont le “moustique tigre” (Aedes albopictus).
L’infection, asymptomatique dans 80 % des cas, peut néanmoins être responsable de malformations fœtales (microcéphalies) lors du 1er semestre de la grossesse.
Dans ses manifestations cliniques chez l’adulte, on peut observer une forte poussée de fièvre, une éruption cutanée prurigineuse, des arthralgies ou une conjonctivite. Ces symptômes sont généralement bénins et durent moins d’une semaine.
Deux types de complications ont été décrits : des complications neurologiques (dont le syndrome de Guillain-Barré) et des malformations congénitales, incitant à une vigilance spécifique pour les femmes enceintes en cas d’épidémie de Zika, particulièrement lors des 1er et 2ème trimestres de grossesse avec risque d’atteintes cérébrales (microcéphalie, calcifications cérébrales, hydro-anencéphalie…) et oculaires (atrophie chorio-rétinienne, atrophie maculaire, subluxation du cristallin…).
Il n’existe actuellement pas de vaccin, ni de traitement spécifique de la virose Zika. Les seuls traitements disponibles sont symptomatiques.
Transmission du ZIKA
La transmission sexuelle du virus Zika est désormais établie, bien que moins fréquente que la transmission vectorielle par les moustiques. Des cas de transmission d’homme à femme ont été documentés, avec le virus détecté dans le sperme jusqu’à 120 jours après l’infection aiguë. La transmission de femme à homme est également possible mais moins étudiée. Le risque de transmission sexuelle a conduit à des recommandations spécifiques, notamment l’utilisation de préservatifs ou l’abstinence pendant au moins 4 semaines après un retour d’une zone épidémique. Chez les femmes enceintes vivant dans ces zones, il est recommandé d’éviter tout rapport sexuel non protégé durant toute la grossesse pour prévenir les complications fœtales potentielles. La transmission verticale de la mère au fœtus est également possible si l’infection survient pendant la grossesse, pouvant entraîner des malformations congénitales.
Le diagnostic
La démarche diagnostique recommandée dans le plan ministériel « anti-dissémination du chikungunya et de la dengue » est la suivante :
Les prélèvements sanguins peuvent être réalisés par tout laboratoire de biologie médicale. Chaque échantillon doit être accompagné d’une fiche de renseignements cliniques recensant le tableau clinique, le début des symptômes et le lieu présumé de la contamination.
Le traitement
Le traitement des douleurs et de la fièvre est essentiellement symptomatique par du paracétamol (aspirine, ibuprofène et autres AINS ne doivent en aucun cas être utilisés).
Les complications
Les fièvres hémorragiques virales, bien que souvent associées à des maladies comme la fièvre jaune, incluent également des formes sévères de dengue. La dengue, transmise par les moustiques Aedes, peut évoluer en une forme grave caractérisée par une augmentation de la perméabilité vasculaire, conduisant à des hémorragies et à un choc, mettant en jeu le pronostic vital dans moins de 5% des cas symptomatiques. En revanche, le chikungunya et le Zika, bien qu’ils provoquent des symptômes sévères, ne sont généralement pas classifiés comme fièvres hémorragiques. La prévention repose sur la lutte contre les moustiques vecteurs et la surveillance des cas importés, notamment en France métropolitaine où le moustique tigre (Aedes albopictus) est présent
Comment distinguer le moustique tigre des autres moustiques ?
• Il pique le jour ! Contrairement au moustique commun (Culex sp) qui passe la nuit à vous piquer et dont le vol bruyant vous empêche de fermer l’œil, le moustique tigre est silencieux et diurne.
• Rayé noir et blanc. Plutôt que « tigré », le moustique tigre est « zébré » (rayures noires) sur tout le corps et les pattes. Il est également caractérisé par la présence d’une ligne blanche le long de son thorax.
• Il est petit et vif. Du nom « tigre », il ne garde que la rapidité et la férocité ! Question taille, il est plus petit qu’une pièce de 1 centime d’euro (soit moins de 0,5 centimètre) !