Les arboviroses : Chikungunya, Zika, Dengue, ce qu’il faut savoir de ces virus transmissibles par des piqures de moustiques

— 21 août 2024

Les arboviroses (Dengue, Chikungunya, Zika, fièvre jaune ou West-Nile…) sont des maladies virales à déclaration obligatoire, transmises par les moustiques. Elles circulent principalement dans les régions tropicales ou subtropicales avec, depuis quelques années, une augmentation de l’incidence des infections et la description de cas autochtones dans les régions tempérées dont la France métropolitaine.

La plupart du temps, la piqure de moustique tigre est inoffensive et peut être traité comme une simple piqure de moustique. En revanche, ce nouveau genre de moustique peut être véhiculeur de maladies graves, notamment le virus du chikungunya, du Zika ou bien la dengue. Il est alors recommandé de suivre l’évolution de la piqure.

Surveillance épidémiologique en France

En France métropolitaine, la surveillance des épidémies de la dengue, du chikungunya et du Zika repose principalement sur le suivi des cas importés de ces maladies.

Du 1er mai au 30 novembre de chaque année, Santé publique France coordonne une surveillance renforcée saisonnière en lien avec les Agences Régionales de Santé (ARS) concernées.

Cette surveillance vise à détecter rapidement les cas suspects, à mettre en place des mesures de lutte anti-vectorielle et à limiter le risque de transmission autochtone.

En 2024, la France a connu son premier cas autochtone de dengue dans l’Hérault, déclenchant des actions immédiates telles que la confirmation biologique, la recherche active de cas, la sensibilisation des professionnels de santé et du public, ainsi que des mesures de lutte anti-vectorielle.

Ce système de surveillance permet d’adapter les stratégies de prévention et de contrôle face à l’implantation durable du moustique vecteur Aedes albopictus dans la plupart des départements français.

En France, les maladies à déclaration obligatoire (MDO) incluent la dengue, le chikungunya et le Zika, notamment dans les zones où le vecteur, le moustique Aedes albopictus, est présent. Les médecins et les laboratoires de biologie médicale, qu’ils soient publics ou privés, sont légalement tenus de déclarer ces maladies aux autorités sanitaires compétentes dès qu’ils les diagnostiquent ou les suspectent. Cette déclaration permet une intervention rapide pour contrôler et prévenir la propagation des maladies.

La dengue

La maladie du moustique tigre

Le virus de la dengue est transmis par piqures de moustique du genre Aedes, Aedes aegypti et Aedes albopictus (ce dernier est aussi appelé “moustique tigre”). L’incidence mondiale de la dengue a augmenté de manière spectaculaire donnant  lieu  à  100  à  400  millions  d’infections  chaque  année. La   moitié   de   la   population mondiale  est  désormais  exposée   au   risque   de   contracter   cette  maladie. L’incubation dure en moyenne 4 à 7 jours (mais peut aller de 3 à 14 jours). Généralement bénigne, elle guérit spontanément en une semaine sans séquelle.

À noter : la dengue est asymptomatique dans 50% à 90% des cas ! Et on peut être infecté plusieurs fois par des sérotypes différents !

Les symptômes de la dengue

Les symptômes de la dengue se traduisent par un syndrome pseudo-grippal, des troubles digestifs et une éruption cutanée. Des signes hémorragiques mineurs sont également possibles.

Cependant des formes graves voire fatales peuvent survenir, caractérisées par l’apparition, au 3ème ou 4ème jour, d’un syndrome polyviscéral et hémorragique : choc hypovolémique, choc hémorragique et/ou atteinte sévère d’organe (méningo-encéphalite, myocardite, hépatite fulminante, rupture de rate). Les facteurs favorisants sont l’âge (< 15 ans), la drépanocytose, l’asthme, le diabète.

Les signes cliniques d’alarme sont :

– douleurs abdominales
– vomissements persistants
– épanchements liquidiens
– hémorragies des muqueuses
– hépatomégalie
– troubles de la vigilance

Traitement et prévention de la dengue – le vaccin

Le traitement de la dengue est symptomatique. Il n’existe pas de traitement spécifique contre la dengue ou la dengue sévère. La détection précoce des signes d’évolution vers une dengue sévère et l’accès à des soins médicaux appropriés permettent de réduire le taux de mortalité de la dengue sévère à un niveau inférieur à 1%. Un vaccin existe mais n’est pas encore disponible en France (efficacité de 42% à 77% en fonction des sérotypes). Il est plus efficace chez les plus de 9 ans qui ont un statut séropositif à la dengue au moment de la vaccination.

Le chikungunya

Les symptômes de la dengue se traduisent par un syndrome pseudo-grippal, des troubles digestifs et une éruption cutanée. Des signes hémorragiques mineurs sont également possibles. Le chikungunya est une maladie virale transmise à l’homme par des piqures de moustiques infectés du genre Aedes, dont le “moustique tigre” (Aedes albopictus). Dans environ 10% à 40% des cas, le chikungunya est asymptomatique (pourcentage variable selon les épidémies).

L’incubation du chikungnya

Après une incubation de 3 à 7 jours, 60% à 90% des personnes  peuvent présenter des symptômes :

•    Une fièvre élevée d’apparition brutale
•    Des douleurs articulaires pouvant être intenses, touchant principalement les petites articulations des extrémités (poignets, chevilles, phalanges)
•    Des douleurs musculaires
•    Des maux de tête
•    Une éruption cutanée maculopapuleuse

L’évolution est le plus souvent favorable au bout d’une dizaine de jours, sans séquelle, mais le chikungunya peut aussi évoluer vers une phase chronique marquée par des douleurs articulaires persistantes. Celles-ci peuvent survenir chez 30% à 40% des patients et durer plusieurs mois voire plusieurs années.

Le virus du ZIKA

Le virus Zika a été isolé pour la première fois en 1947 en Ouganda, dans la forêt de Zika d’où il tire son nom. Il est transmis par piqûres de moustiques du genre Aedes, dont le “moustique tigre” (Aedes albopictus).
L’infection, asymptomatique dans 80 % des cas, peut néanmoins être responsable de malformations fœtales (microcéphalies) lors du 1er semestre de la grossesse.

Dans ses manifestations cliniques chez l’adulte, on peut observer une forte poussée de fièvre, une éruption cutanée prurigineuse, des arthralgies ou une conjonctivite. Ces symptômes sont généralement bénins et durent moins d’une semaine.

Deux types de complications ont été décrits : des complications neurologiques (dont le syndrome de Guillain-Barré) et des malformations congénitales, incitant à une vigilance spécifique pour les femmes enceintes en cas d’épidémie de Zika, particulièrement lors des 1er et 2ème trimestres de grossesse avec risque d’atteintes cérébrales (microcéphalie, calcifications cérébrales, hydro-anencéphalie…) et oculaires (atrophie chorio-rétinienne, atrophie maculaire, subluxation du cristallin…).

Il n’existe actuellement pas de vaccin, ni de traitement spécifique de la virose Zika. Les seuls traitements disponibles sont symptomatiques.

Transmission du ZIKA

La transmission sexuelle du virus Zika est désormais établie, bien que moins fréquente que la transmission vectorielle par les moustiques. Des cas de transmission d’homme à femme ont été documentés, avec le virus détecté dans le sperme jusqu’à 120 jours après l’infection aiguë. La transmission de femme à homme est également possible mais moins étudiée. Le risque de transmission sexuelle a conduit à des recommandations spécifiques, notamment l’utilisation de préservatifs ou l’abstinence pendant au moins 4 semaines après un retour d’une zone épidémique. Chez les femmes enceintes vivant dans ces zones, il est recommandé d’éviter tout rapport sexuel non protégé durant toute la grossesse pour prévenir les complications fœtales potentielles. La transmission verticale de la mère au fœtus est également possible si l’infection survient pendant la grossesse, pouvant entraîner des malformations congénitales.

Le diagnostic

La démarche diagnostique recommandée dans le plan ministériel « anti-dissémination du chikungunya et de la dengue » est la suivante :

Les prélèvements sanguins peuvent être réalisés par tout laboratoire de biologie médicale. Chaque échantillon doit être accompagné d’une fiche de renseignements cliniques recensant le tableau clinique, le début des symptômes et le lieu présumé de la contamination.

Le traitement

Le traitement des douleurs et de la fièvre est essentiellement symptomatique par du paracétamol (aspirine, ibuprofène et autres AINS ne doivent en aucun cas être utilisés).

Les complications

Les fièvres hémorragiques virales, bien que souvent associées à des maladies comme la fièvre jaune, incluent également des formes sévères de dengue. La dengue, transmise par les moustiques Aedes, peut évoluer en une forme grave caractérisée par une augmentation de la perméabilité vasculaire, conduisant à des hémorragies et à un choc, mettant en jeu le pronostic vital dans moins de 5% des cas symptomatiques. En revanche, le chikungunya et le Zika, bien qu’ils provoquent des symptômes sévères, ne sont généralement pas classifiés comme fièvres hémorragiques. La prévention repose sur la lutte contre les moustiques vecteurs et la surveillance des cas importés, notamment en France métropolitaine où le moustique tigre (Aedes albopictus) est présent

Comment distinguer le moustique tigre des autres moustiques ?

•    Il pique le jour ! Contrairement au moustique commun (Culex sp) qui passe la nuit à vous piquer et dont le vol bruyant vous empêche de fermer l’œil, le moustique tigre est silencieux et diurne.
•    Rayé noir et blanc. Plutôt que « tigré », le moustique tigre est « zébré » (rayures noires) sur tout le corps et les pattes. Il est également caractérisé par la présence d’une ligne blanche le long de son thorax.
•    Il est petit et vif. Du nom « tigre », il ne garde que la rapidité et la férocité ! Question taille, il est plus petit qu’une pièce de 1 centime d’euro (soit moins de 0,5 centimètre) !

Les réponses à vos questions

Il est difficile de savoir immédiatement si un moustique nous a transmis une maladie, mais l’apparition de symptômes spécifiques tels que fièvre, maux de tête, douleurs articulaires et musculaires quelques jours après la piqûre peut indiquer une infection

La dengue et le chikungunya présentent des symptômes similaires tels que fièvre élevée, douleurs articulaires, et éruptions cutanées, mais le chikungunya se distingue souvent par des douleurs articulaires plus intenses et persistantes. Un diagnostic différentiel nécessite des analyses biologiques comme la PCR ou des tests sérologiques, car les symptômes cliniques ne suffisent pas à les distinguer.

Les symptômes du virus chikungunya incluent principalement une fièvre élevée d’apparition brutale et des douleurs articulaires sévères, souvent invalidantes, touchant principalement les poignets, les doigts, les chevilles et les pieds. D’autres symptômes peuvent inclure des maux de tête, des douleurs musculaires, une éruption cutanée, une conjonctivite, et parfois des nausées et des gonflements articulaires

Le diagnostic du chikungunya, du Zika et de la dengue repose principalement sur des tests RT-PCR multiplex, qui permettent de détecter simultanément les trois virus. Cette approche est particulièrement efficace et recommandée pour les patients présentant des symptômes compatibles avec ces arboviroses. Pour le chikungunya, un test RT-PCR associé à une sérologie est préconisé entre le 5ème et le 7ème jour après l’apparition des symptômes. Dans le cas du Zika, le test RT-PCR est effectué sur le sang ou la salive si les signes cliniques datent de 3 à 5 jours, et sur les urines entre 5 et 10 jours après le début des symptômes. Pour la dengue, le diagnostic repose sur la détection du virus ou de son ADN dans le sang par RT-PCR dans les cinq premiers jours suivant l’apparition des symptômes. Il est important de noter que le choix du test et le moment du prélèvement sont cruciaux pour obtenir un diagnostic précis, et que les recommandations peuvent varier selon le contexte épidémiologique et la durée des symptômes.

Les premiers symptômes d’une maladie grave transmise par le moustique tigre incluent une forte fièvre (souvent supérieure à 40°C) apparaissant brutalement, accompagnée de douleurs articulaires intenses. D’autres signes peuvent survenir tels que des maux de tête sévères, une éruption cutanée, des douleurs musculaires, une fatigue importante, des nausées et vomissements. Dans les cas plus graves, notamment chez les enfants, des complications hémorragiques peuvent se manifester, caractérisées par des saignements au niveau des gencives, du nez, ou sous la peau Il est crucial de consulter rapidement un médecin en cas d’apparition de ces symptômes, particulièrement dans les 2 à 14 jours suivant une piqûre de moustique tigre ou un séjour dans une zone à risque.

Pour ces trois virus, il n’existe aucun traitement spécifique, ni vaccin. Le traitement est avant tout symptomatique (douleur & fatigue). Dans le cas du virus Zika, Il faut alors soigner chaque symptôme par la prise d’antalgiques et le repos.

Des complications peuvent parfois survenir et ces virus se retrouvent potentiellement mortels, il est alors fortement conseillé de poser un diagnostic clinique le plus tôt possible pour être suivi par des médecins.

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